rivieres et que nous ayons forme une
force de terre superieure a celle de l'ennemi, son armee doit tot ou
tard etre contrainte a se rendre[183]."
[Note 183: _Memoires_ de La Fayette.]
De son cote, le general Washington ecrivait une lettre tout amicale
et toute confidentielle a La Fayette pour le feliciter de ses succes
anterieurs, et il ajoutait qu'il lui permettait, maintenant qu'il
avait sauve la Virginie, de venir prendre part a l'attaque projetee
contre New-York. Il reconnaissait toutefois la necessite de la
presence de La Fayette a la tete de l'armee de Virginie.
Ces deux missives eurent un sort tout different et, par un de ces
hasards dont nous avons eu un precedent exemple apres la conference
d'Hartford, la lettre du general Washington fut interceptee par James
Moody dans les Jerseys, tandis que celle de La Fayette arrivait a
destination. Le general Clinton crut plus que jamais qu'il allait
etre attaque. Cette illusion dura encore quelque temps apres que les
troupes combinees eurent commence leur marche vers le Sud[184].
[Note 184: Cette circonstance servit si bien les Americains et trompa
si completement les generaux anglais, que l'on est porte a croire que
ce ne fut pas tout a fait par un hasard heureux, mais par suite d'une
habile manoeuvre de Washington, que sa lettre, ecrite avec intentions
tomba entre les mains de James Moody. Telle etait l'opinion de lord
Cornwallis, qui ne pouvait se pardonner apres sa defaite d'avoir ete
ainsi joue. (Voir _Mercure de France_, 1781.)--_Sparks_, VIII, 144,
raconte aussi comment un faux ordre signe de La Fayette et enjoignant
au general Morgan de faire avancer Ses troupes fut saisi par
Cornwallis sur un vieux negre envoye a dessein de son cote, ce qui le
determina a retrograder.]
Aussitot que M. de Rochambeau eut recu les depeches apportees par la
_Concorde_, il se concerta avec le general Washington, qui renonca
definitivement au projet qu'il avait toujours forme de faire une
attaque generale contre New-York. Les generaux allies furent d'accord
qu'ils devaient diriger leurs forces sur la Virginie, et il ne
restait plus qu'a organiser les moyens d'execution du nouveau plan de
campagne. Pendant que M. de Rochambeau envoyait, le 15 aout, M. de
Fersen aupres du comte de Barras pour lui donner avis de l'expedition
projetee, Washington ecrivait a La Fayette de garder ses positions
devant York et d'attendre l'arrivee de la flotte de M. de Grasse, des
troupes qu'il amen
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