vidence est une assez jolie petite ville, tres-commercante avant
la guerre. Il n'y a de remarquable qu'un magnifique hopital[168].
L'armee y resta campee huit jours. Ce temps lui fut necessaire pour
rassembler les chevaux de l'artillerie, de l'hopital ambulant, les
wagons pour les equipages, les boeufs qui devaient les trainer, et
pour recevoir les recrues dont on avait envoye une partie a M. de
Choisy.
[Note 168: _Journal_ de Cromot du Bourg.]
"Le 16, le baron de Viomenil passa une revue d'entree en campagne et
l'armee se mit en marche dans l'ordre suivant:
"Le 18 juin, le regiment de Bourbonnais (M. de Rochambeau et M. de
Chastellux); le 19, celui de Royal-Deux-Ponts (baron de Viomenil);
le 20, le regiment de Soissonnais (le comte de Viomenil); le 21, le
regiment de Saintonge (M. de Custine) ont successivement quitte le
camp de Providence et, en conservant toujours entre eux la
distance d'une journee de marche, ils ont campe, le premier jour
a _Waterman's Tavern,_ le second a _Plainfield,_ le troisieme a
_Windham,_ le quatrieme a _Bolton_ et le cinquieme a _Hartford._
Ces etapes sont distantes de quinze milles. Les chemins etaient
tres-mauvais et l'artillerie avait peine a suivre; les bagages
resterent en arriere.
"A _Windham,_ l'armee campa dans un vallon entoure de bois ou le feu
prit bientot, on ne sait par quelle cause; on employa de suite trois
cents hommes a l'eteindre; mais ils ne purent y parvenir. Le feu ne
devorait du reste que les broussailles et n'attaquait pas les gros
arbres. Cet accident, qui serait effrayant et causerait un veritable
desastre dans d'autres pays, est vu avec indifference par les
Americains, dont le pays est rempli de forets. Ils en sont meme
quelquefois bien aises, car cela leur evite la peine de couper les
arbres pour defricher le sol.
"Le 20, il deserta neuf hommes du regiment de Soissonnais et un de
Royal-Deux-Ponts.
"L'hote de M. de Rochambeau a Bolton etait un ministre qui avait au
moins six pieds trois pouces. Il se nommait Colton, et il offrit a
la femme d'un grenadier de Deux-Ponts, a son passage, d'adopter son
enfant, de lui assurer sa fortune et de lui donner pour elle
une trentaine de louis; mais elle refusa constamment toutes ses
offres[169]."
[Note 169: _Journal_ de Cromot du Bourg.--Voir aussi, pour la marche
des troupes, la carte que j'ai dressee specialement pour cette
histoire.]
Arrive le 22 juin a Hartford, le regiment de Bourbonnais leva son camp
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