sion. Le 15 on apprit que les
grenadiers et les chasseurs embarques a Head-of-Elk avaient ete forces
par le mauvais temps de relacher a Annapolis apres un voyage de trois
jours. M. de Custine, presse d'arriver le premier, prit un sloop bon
voilier et navigua sans s'arreter jusqu'a la riviere de James. Il
laissait ainsi sans direction le convoi dont il avait le commandement.
Il est vrai que le duc de Lauzun pouvait l'y suppleer; mais rien
n'avait ete convenu entre ces officiers, et Lauzun se trouvait sans
ordres ni instructions. Les bateaux etaient en si mauvais etat que
deux ou trois chavirerent et qu'il y eut sept ou huit hommes de noyes.
Neanmoins tout ce convoi allait remettre a la voile lorsque M. de
Lauzun recut un courrier du general Washington qui lui recommandait
de faire debarquer les troupes et de ne repartir que sur de nouveaux
ordres. C'est que l'escadre anglaise avait paru devant la baie de
Chesapeak le 8 septembre et que le comte de Grasse, parti pour la
combattre, n'etait pas encore rentre.
Bien que l'amiral francais eut detache a ce moment quinze cents de ses
matelots pour le debarquement des troupes de M. de Saint-Simon dans
la riviere James, il n'hesita pas a couper ses cables et a s'avancer
au-devant de la flotte anglaise avec vingt-quatre vaisseaux. L'amiral
anglais s'elevant au vent, l'avant-garde francaise, commandee par
de Bougainville, atteignit l'ennemi, qui fut tres-mal-traite. M. de
Grasse le poursuivit au large pendant trois jours sans l'atteindre et
trouva, en rentrant dans la baie, l'escadre de M. de Barras qui, a
la faveur de cet engagement, avait gagne le mouillage, apres avoir
habilement convoye les dix batiments qui portaient l'artillerie de
siege. M. de Barras avait meme poursuivi et capture, a l'entree de la
baie, deux fregates anglaises, l'_Isis_, et le _Richmond_, et quelques
petits batiments qui furent immediatement envoyes a Annapolis avec les
transports venus de Rhode-Island[196].
[Note 196: Il me semble resulter de divers documents que je possede,
que l'amiral anglais fut deroute par l'apparition de l'escadre aux
ordres de M. de Barras. Je reviendrai sur ce sujet. Voir _Not. biog._
de Grasse, de Bougainville, de Barras.]
XVIII
Aussitot apres la reception de la nouvelle du succes de M. de Grasse,
Lauzun fit remonter ses troupes sur leurs batiments et continua sa
route. Les vents lui furent peu favorables et il ne fut pas moins de
dix jours a se rendre a l'entree de
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