al Hutington."
Pendant ce temps, le comte de Rochambeau allait reconnaitre des
quartiers d'hiver dans le Connecticut, parce qu'il comptait toujours
sur l'arrivee de la seconde division de son armee et qu'il ne voulait
pas etre pris au depourvu. Il avait laisse a Newport le chevalier de
Ternay, malade d'une fievre qui ne paraissait pas inquietante; mais
il etait a peine arrive a Boston, le 15 decembre, que son second, le
baron de Viomenil, lui envoya un courrier pour lui apprendre la
mort de l'amiral. Le chevalier Destouches, qui etait le plus ancien
capitaine de vaisseau, prit alors le Commandement de l'escadre et se
conduisit d'apres les memes instructions.
Le 11 janvier, le general Knox, commandant l'artillerie americaine,
vint de la part du general Washington informer Lauzun que les brigades
de Pensylvanie et de New-Jersey, lasses de servir sans solde,
s'etaient revoltees, avaient tue leurs officiers et s'etaient choisi
des chefs parmi elles; que l'on craignait egalement ou qu'elles
marchassent sur Philadelphie pour se faire payer de force, ou qu'elles
joignissent l'armee anglaise qui n'etait pas eloignee. Cette derniere
crainte etait exageree, car un emissaire de Clinton etant venu
proposer aux revoltes de leur payer l'arriere de leur solde a la
condition qu'ils se rangeraient sous ses ordres: "Il nous prend pour
des traitres, dit un sergent des miliciens, mais nous sommes de braves
soldats qui ne demandons que justice a nos compatriotes; nous ne
trahirons jamais leurs interets." Et les envoyes du general anglais
furent traites en espions.
Lauzun se rendit aussitot a Newport pour avertir le general en chef de
ce qui se passait. Rochambeau en fut aussi embarrasse qu'afflige. Il
n'avait en effet aucun moyen d'aider le general Washington, puisqu'il
manquait d'argent lui-meme, et _il n'avait pas recu une lettre
d'Europe depuis son arrivee en Amerique_[151]. On apprit plus tard que
le Congres avait apaise la revolte des Pensylvaniens en leur donnant
un faible a-compte, mais que, comme la mutinerie s'etait propagee dans
la milice de Jersey et qu'elle menacait de gagner toute l'armee, qui
avait les memes raisons de se plaindre, Washington dut prendre contre
les nouveaux revoltes des mesures severes qui firent tout rentrer dans
L'ordre.
[Note 151: Ce sont la les propres paroles de Rochambeau que rapporte
Lauzun dans ses _Memoires_. Cela contredit ce passage des _Mem_. de
Rochambeau, ou il dit (page 259) qu'il recut
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