on eut decide en conseil sur ce
qu'il convenait de faire[158].
[Note 158: J'ai deja dit que l'_Astree_ rentra a Boston le 25 janvier,
apres soixante et un jours de traversee. Elle avait a bord huit
millions.--_Mercure de France_, mai 1781, page 31.--Ce chiffre de huit
millions est certainement exagere.]
Les ministres convinrent qu'en l'etat actuel des affaires il n'etait
pas possible d'envoyer la seconde division de l'armee en Amerique. On
fit partir seulement, le 23 mars 1781, un vaisseau, le _Sagittaire_,
et six navires de transport sous la conduite du bailli de Suffren. Ils
emportaient six cent trente trois recrues du regiment de Dillon,
qui devaient completer les quinze cents hommes de ce regiment,
dont l'autre partie etait aux Antilles. Il y avait en outre quatre
compagnies d'artillerie. Ces navires suivirent la flotte aux ordres du
comte de Grasse jusqu'aux Acores.
La fregate la _Concorde_, capitaine Saunauveron[159], partit de Brest
trois jours apres, a quatre heures du soir, escortee par l'_Emeraude_
et la _Bellone_ seulement jusqu'au dela des caps: ces deux fregates
devaient venir croiser ensuite. La _Concorde_ emmenait M. le vicomte
de Rochambeau avec des depeches pour son pere; M. de Barras, qui
venait comme chef d'escadre remplacer M. Destouches et prendre la
suite des operations de M. de Ternay; M. d'Alpheran, capitaine de
vaisseau[160], et un aide de camp de M. de Rochambeau [161]. Enfin
elle portait un million deux cent mille livres pour le corps
expeditionnaire. Le _Sagittaire_ devait apporter pareille somme; et,
pour remplacer le secours promis en hommes, secours que la presence
d'une puissante flotte anglaise devant Brest avait empeche de
partir, le gouvernement francais mettait a la disposition du general
Washington une somme de six millions de livres.
[Note 159: Elle portait trente-six canons, vingt-quatre soldats de
terre et trente-cinq marins.--_Mercure de France_, avril 1781, page
87.]
[Note 160: Blanchard.]
[Note 161: J'ai deja expose, dans le deuxieme chapitre de cet ouvrage,
les raisons qui me portaient a croire que l'auteur du journal
inedit que je possede, aide de camp de Rochambeau et passager de la
_Concorde_, etait Cromot baron du Bourg. Depuis que ce livre est en
cours de publication, j'ai recu de M. Camille Rousset, le savant
conservateur des archives du Ministere de la guerre, et de M. de
Varaigne baron du Bourg, petit-fils de Cromot du Bourg et prefet du
Palais, des rens
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