ne rendirent justice au general
Weedon, que son inexperience des choses de la guerre fit tourner
en ridicule par les officiers francais. On peut trouver dans les
_Maryland Papers_ quelques lettres de Weedon a La Fayette, au general
anglais Philips et a d'autres, qui temoignent de l'honorabilite de son
caractere et de sa dignite. La conduite des milices a Camden, ou elles
abandonnerent de Kalb et les troupes regulieres ou _Maryland Line_,
inspira aux Francais ce mepris qu'ils exprimaient en toute occasion.]
Sans plus tarder, M. de Rochambeau fit passer, le 27, du cote de
Glocester de l'artillerie et huit cents hommes tires de la garnison
des vaisseaux, sous le commandement de M. de Ghoisy. Celui-ci, par son
anciennete de grade, commandait le general Weedon et Lauzun.
Ainsi, le 28, tandis que les amiraux de Grasse et de Barras bloquaient
la baie de Chesapeak, M. de Choisy prenait du cote de Glocester
d'energiques dispositions offensives, et l'armee combinee des
Americains et des Francais etait massee a Williamsbourg.
Cette derniere ville, capitale de la Virginie, avait eu une grande
importance avant la guerre. Elle se composait de deux grandes rues
paralleles coupees par trois ou quatre autres. Le college, le
gouvernement et le capitole etaient encore de beaux edifices,
quoiqu'ils fussent degrades depuis qu'ils etaient en partie
abandonnes. Les temples n'y servaient plus que de magasins et
d'hopitaux. Les habitants avaient deserte la ville. La campagne avait
ete devastee par les Anglais au point qu'on ne trouvait plus ni foin
ni avoine pour les chevaux et qu'on etait oblige de les laisser paitre
dans les champs.
XIX
Le 28 septembre, toute l'armee combinee se mit en mouvement de bonne
heure pour faire l'investissement d'York. Elle marcha sur une seule
colonne jusqu'a cinq milles de Williamsbourg, ou se trouve un
embranchement de deux routes. L'armee americaine prit celle de droite,
tandis que l'armee francaise s'avancait par l'autre. Celle-ci etait
composee: 1 deg. des volontaires, aux ordres du baron de Saint-Simon,
frere du general[199]; 2 deg. des grenadiers et chasseurs des sept
regiments de l'armee, sous les ordres du baron de Viomenil; 3 deg. des
brigades d'Agenais, de Soissonnais et de Bourbonnais. A un mille de la
place, les trois brigades se separerent et s'avancerent jusqu'a
portee de pistolet en profitant des rideaux des bois et des criques
marecageuses pour former une enceinte continue depuis l
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