is la tentative faite par d'Estaing deux
ans auparavant.
M. de Rochambeau etait d'avis, au contraire, qu'il valait mieux operer
dans la baie de Chesapeak, ou la flotte francaise aborderait plus
promptement et plus facilement. Aucune des deux opinions ne fut
exclue, et l'on decida d'abord de reunir les deux armees sur la rive
gauche de l'Hudson, de menacer New-York, et de se tenir pret, en
attendant l'arrivee du comte de Grasse, a qui on expedierait une
fregate, soit a pousser serieusement les attaques contre cette place,
soit a marcher vers la baie de Chesapeak.
Apres cette conference, une depeche du general Washington au general
Sullivan, depute du Congres, et une autre lettre de M. de Chastellux
au consul de France a Philadelphie, M. de La Luzerne, furent
interceptees par des coureurs anglais et remises au general Clinton,
tandis qu'une depeche de lord Germaine a lord Clinton etait portee a
Washington par un corsaire americain.
Elles servirent mieux la cause des allies que la plus habile
diplomatie.
Washington disait en effet dans sa lettre que l'on allait pousser
activement le siege de New-York et que l'on allait ecrire a M. de
Grasse de venir forcer la barre de Sandy Hook, tandis que le ministre
anglais annoncait la resolution de pousser la guerre dans le Sud.
Washington comprit alors la justesse des idees de M. de Rochambeau.
Quant a M. de Chastellux, il s'exprimait en termes fort peu
convenables sur le compte de M. de Rochambeau. Il pretendait l'avoir
gagne aux idees du general Washington.
L'officier anglais charge du service des espions envoya une copie de
cette lettre au general francais, qui, pour toute punition, fit venir
M. de Chastellux, lui montra cette copie et la jeta au feu. Il se
garda bien de le detromper et de lui confier ses veritables desseins.
De retour a Newport, M. de Rochambeau trouva que l'escadre se
disposait, suivant les instructions donnees a M. de Barras, a se
retirer a Boston pendant que l'armee irait rejoindre le general
Washington. Le port de Boston n'etait, il est vrai, qu'a trente lieues
de Newport, par terre; mais, par mer, il en etait a plus de cent,
a cause du trajet qu'il fallait faire pour tourner les bancs de
Nantucket; d'ailleurs les vents soufflaient plus habituellement du
Nord. Il fallait en outre confier a l'escadre toute l'artillerie
de siege, que l'armee, deja chargee de son artillerie de campagne,
n'aurait pas pu emmener. La jonction des deux escadres devenai
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