Blanchard.)_
"Le _Duc de Bourgogne_, a bord duquel j'etais, ajoute Blanchard, n'eut
que quatre hommes tues et huit blesses. Un officier auxiliaire recut
aussi une contusion a cote de moi. Je restai tout le temps du combat
sur le gaillard d'arriere, a portee du capitaine et de M. de Viomenil.
J'y montrai du sang-froid; je me rappelle qu'au milieu du feu le plus
vif, M. de Menonville ayant ouvert sa tabatiere, je lui en demandai
une prise et nous echangeames a ce sujet une plaisanterie. Je recus de
M. de Viomenil un temoignage de satisfaction qui me fit plaisir."]
Le capitaine Destouches rentra a Newport le 18, apres sa glorieuse
mais inutile tentative.
D'un autre cote, La Fayette avait recu, le 20 fevrier, de Washington,
l'ordre de prendre le commandement d'un detachement reuni a Peakskill
pour agir conjointement avec la milice et les batiments de M.
Destouches contre Arnold, qui etait a Portsmouth; La Fayette partit en
effet avec ses douze cents hommes d'infanterie legere. Le 23 fevrier,
il etait a Pompton et simula une attaque contre Staten-Island; puis il
marcha rapidement sur Philadelphie, y arriva le 2 mars, se rendit le
3 a Head-of-Elk, ou il s'embarqua sur de petits bateaux et arriva
heureusement a Annapolis. Il partit de la dans un canot avec quelques
officiers, et, malgre les fregates anglaises qui etaient dans la baie,
il parvint a Williamsbourg pour y rassembler les mi lices. Il avait
deja bloque Portsmouth et repousse les piquets ennemis, lorsque
l'issue du combat naval du 16 mars laissa les Anglais maitres de la
baie. Il ne restait plus a La Fayette qu'a retourner a Annapolis,
d'ou, par une marche hardie, il ramena son detachement a Head-of-Elk
en passant a travers les petits batiments de guerre anglais. La il
recut un courrier du general Washington qui lui confiait la difficile
mission de defendre la Virginie [157].
[Note 157: Le 6 mars, le general Washington vint a Newport visiter
l'armee francaise. Il fut recu avec tous les honneurs dus a un
marechal de France. Il passa l'armee en revue, assista au depart
de l'escadre de M. Destouches et repartit le 13 pour son quartier
general.
"Cette entrevue des generaux, dit Dumas, fut pour nous une veritable
fete; nous etions impatients de voir le heros de la liberte. Son noble
accueil, la simplicite de ses manieres, sa douce gravite, surpasserent
notre attente et lui gagnerent tous les coeurs francais. Lorsque,
apres avoir confere avec M. de Rochambeau, i
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