et nuit sur pied et nous n'eumes rien a
manger que les fruits que nous rencontrames le long du chemin[175].
[Note 175: Le recit de cette petite affaire, donne par d'autres
ecrivains, n'est pas tout a fait conforme a celui-ci; mais nous
pensons que personne mieux que Lauzun n'etait a meme de savoir ce qui
s'etait passe.
Ainsi, MM. de Fersen et de Vauban, aides de camp de M. de Rochambeau,
qui avaient recu de leur general la permission de suivre la legion de
Lauzun dans son expedition, revinrent le 4 au camp de North-Castle et
raconterent ce qui s'etait passe. Ils dirent que le corps de Delancey,
qu'on esperait surprendre a Morrisania, se trouvait a. Williamsbridge,
prevenu de l'attaque dont il etait menace. Ils n'evaluaient les pertes
du corps de Lincoln qu'a quatre tues et une quinzaine de blesses.
(_Journal_ de Cromot du Bourg.)]
Le 5 juillet, le general Washington, de retour de sa reconnaissance
sur New-York, vint voir les troupes francaises au camp de Northcastle;
il confera avec M. de Rochambeau et dina avec lui et son etat-major.
Il repartit le soir meme.
Le 6 juillet, l'armee francaise quitta North-Castle pour aller a
dix-sept milles de la se joindre a l'armee americaine, campee a
Philipsburg. La route etait assez belle, mais la chaleur etait si
excessive qu'elle se fit tres-peniblement; plus de quatre cents
soldats tomberent de fatigue, mais a force de haltes et de soins on
arriva a bon port. Deux hommes du regiment de Deux-Ponts deserterent.
La droite des armees alliees, que formaient les Americains, etait
postee sur une hauteur tres-escarpee qui dominait l'Hudson, appele en
cet endroit _Tappansee_. Entre les deux armees coulait un ruisseau
au fond d'un ravin; enfin les deux brigades de l'armee francaise
formaient la gauche de la ligne, qui etait protegee par la legion
de Lauzun, campee a quatre milles, dans _White-plains_. Toutes les
avenues etaient garnies de postes.
Le 8, le general Washington passa en revue les deux armees. L'armee
americaine, qu'il visita la premiere, etait composee de 4,500 hommes
au plus, parmi lesquels on comptait de tres-jeunes gens et beaucoup
de negres. Ils n'avaient pas d'uniformes et paraissaient assez mal
equipes. Ils faisaient sous ce rapport un grand contraste avec l'armee
francaise, dont le general Washington parut tres-satisfait. Seul le
regiment de Rhode-Island parut aux officiers francais d'une belle
tenue. Le general americain voulut visiter la tente que Dumas,
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