lant et
glorieux pour lui, elle couterait necessairement beaucoup de sang. Il
ne voulut pas sacrifier a sa gloire personnelle, les soldats qui lui
etaient confies. Non-seulement il refusa de suivre les conseils du
comte de Grasse, mais il chercha a lui persuader d'attendre l'arrivee
des generaux Washington, Rochambeau et Lincoln, tous ses chefs ou ses
anciens. Il y perdrait le commandement en chef, mais la reduction
de Cornwallis deviendrait une operation certaine et peu couteuse.
L'amiral de Grasse se rendit quoique a regret a ces raisons.
De leur cote, les generaux Washington et Rochambeau haterent la marche
de leurs troupes.
Le 6 elles partirent de Chester pour Wilmington (11 milles), ou elles
arriverent apres avoir laisse a leur droite le champ de bataille
de _Brandywine_. Le 7 au soir elles etaient a _Elk-Town_, ou les
attendait un officier porteur des depeches de M. de Grasse. Le 8 on
s'occupait de trouver des batiments de transport pour en embarquer le
plus possible. On etait encore en effet a plus de cent lieues du point
ou l'on devait se reunir a M. de La Fayette, et il etait important de
ne pas le laisser dans une position critique. Or, la plus courte voie
en meme temps que la moins fatigante pour les troupes etait la mer.
Mais les Anglais dans leurs differentes incursions avaient tellement
detruit toutes les barques americaines qu'il fut impossible d'en
rassembler assez pour embarquer plus de deux mille hommes. C'etait a
peine suffisant pour convoyer les deux avant-gardes des deux armees.
On les fit monter sur toutes sortes de bateaux. M. de Custine eut
le commandement de l'avant-garde francaise, qui se composait des
grenadiers, des chasseurs et de l'infanterie de Lauzun, en tout douze
cents hommes. Le general Lincoln suivait a petite distance avec les
huit cents hommes de son avant-garde[195]. Le duc de Lauzun, qui etait
impatient d'arriver des premiers sur le champ de bataille, demanda a
partir avec son infanterie, et il laissa sa cavalerie suivre la voie
de terre avec l'artillerie et le gros de l'armee aux ordres des deux
Viomenil. Le meme jour les generaux Washington et Rochambeau prirent
les devants pour rejoindre La Fayette par terre. Ils n'emmenerent
chacun que deux aides de camp. Ceux du general francais etaient MM.
de Damas et Fersen. M. de Rochambeau permit du reste aux autres de
prendre la voie qu'ils voudraient. MM. de Vauban et Lauberdieres
s'embarquerent avec M. de Custine, tandis que Closen
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