eignements qui ne me laissent plus aucun doute sur ce
point. On trouvera ces renseignements a la notice biographique sur
Cromot du Bourg.]
Partie le 26 mars de Brest, la _Concorde_ arriva a Boston le 6
mai, sans autre incident que la rencontre du _Rover_, pris l'annee
precedente par la fregate la _Junon_, dont le capitaine etait le comte
de Kergariou Loc-Maria. Le _Rover_ etait commande par M. Dourdon de
Pierre-Fiche, et retournait en France donner avis de l'issue du combat
naval du 16 mars, livre dans la baie de Chesapeak.
Je reprends ici le cours de mon recit, en laissant la parole, autant
que possible, a l'auteur du journal inedit que je possede, passager de
la _Concorde_, et aide de camp de Rochambeau, le baron du Bourg.
"La ville de Boston est batie comme le sont a peu pres toutes les
villes anglaises; des maisons fort petites en briques ou en bois; les
dedans sont extremement propres. Les habitants vivent absolument a
l'anglaise; ils ont l'air de bonnes gens et tres-affables. J'ai ete
fort bien recu dans le peu de visites que j'ai ete a meme de faire. On
y prend beaucoup de the le matin. Le diner, qui est assez communement
a deux heures, est compose d'une grande quantite de viande; on y mange
fort peu de pain. Sur les cinq heures on prend encore du the, du vin,
du madere, du punch, et cette ceremonie dure jusqu'a dix heures. Alors
on se met a table, ou l'on fait un souper moins considerable que le
diner. A chaque repas on ote la nappe au moment du dessert et l'on
apporte du fruit. Au total, la plus grande partie du temps est
consacree a la table."
Apres avoir dit qu'il fit d'abord une visite au consul de France a
Boston, a M. Hancock, gouverneur de cette ville, et au docteur Cooper,
il ajoute:
"Pendant la journee du 7 mai j'ai vu la ville autant qu'il m'a ete
possible; elle est tres-considerable et annonce encore qu'avant la
guerre ce devait etre un sejour charmant. Elle est dans la plus belle
position possible, a un port superbe, et, d'un endroit eleve appele le
_Fanal_, on a la plus belle vue du monde. On allume le fanal en cas de
surprise, et a ce signal toutes les milices du pays se rassemblent; on
le voit d'extremement loin. On y voit la position que prit le general
Washington lorsqu'il s'empara de la ville et forca les Anglais de
l'abandonner.
"Je suis parti le 8 de Boston pour me rendre a New-port. J'ai couche
a quinze milles de la, et j'ai retrouve dans l'auberge ou je me suis
arrete la meme
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