a 1re brigade (Bourbonnais et Deux-Ponts), la
grosse artillerie et la legion de Lauzun se disposerent a partir. Il
faisait un temps affreux. La retraite devait servir de generale; mais
a sept heures il y eut contre-ordre sans qu'on put s'expliquer les
causes de cette alerte ni celles du contre-ordre.
Le 15, a neuf heures du soir, on entendit du cote de Tarrytown
quelques coups de canon suivis d'une vive fusillade. Aussitot M. le
marquis de Laval fit battre la generale et tirer deux coups de canon
d'alarme. En un instant l'armee fut sur pied; mais M. de Rochambeau
fit rentrer les soldats au camp. Washington lui demanda, une heure
apres, deux cents hommes avec six canons et six obusiers; mais
au moment ou cette artillerie allait partir elle recut encore
contre-ordre. Le lendemain matin, a cinq heures, meme alerte suivie
d'une nouvelle demande de deux canons de douze et de deux obusiers.
Cette fois, G. de Deux-Ponts partit en avant pour Tarrytown, et Cromot
du Bourg, qui etait de service aupres de M. de Rochambeau, fut charge
de conduire l'artillerie. Il s'acquitta avec empressement de cette
mission, car il allait au feu pour la premiere fois. Les canons
arriverent a Tarrytown a onze heures. La cause de toutes ces alertes
etait deux fregates anglaises et trois schooners qui avaient remonte
l'Hudson et essaye de s'emparer des cinq batiments charges de farines
que l'on transportait des Jerseys a Tarrytown pour l'approvisionnement
de l'armee. Un autre batiment avait ete deja pris pendant la nuit, il
contenait du pain, pour quatre jours, destine aux Francais. Par suite
de cette perte le soldat fut reduit a quatre onces de pain. On
lui donna du riz et un supplement de viande, et il soutint cette
contrariete passagere avec la gaiete et la constance dont ses
officiers lui donnaient l'exemple. Il y avait sur le meme bateau
enleve par les Anglais des habillements pour les dragons de Sheldon.
Les fregates avaient mis ensuite leur equipage dans des chaloupes pour
operer un debarquement et prendre le reste des approvisionnements a
Tarrytown; mais un sergent de Soissonnais qui gardait ce poste avec
douze hommes fit un feu si vif et si a propos que les Anglais durent
rester dans leurs chaloupes. Une demi-heure apres vinrent les
Americains, qui y perdirent un sergent et qui eurent un officier
blesse. Les quatre pieces d'artillerie francaises arriverent
heureusement sur ces entrefaites; on les mit de suite en batterie et
elles tirerent
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