ent de Soissonnais, qui a des parements couleur de rose, avait en
outre ses bonnets de grenadiers, avec la plume blanche et rose, ce qui
frappa d'etonnement les beautes de la ville[188]." M. de Rochambeau
alla au-devant avec son etat-major; et cette brigade defila devant le
Congres aux acclamations de la population, qui etait charmee de sa
belle tenue.
Au moment ou les troupes defilerent devant le Congres, ayant a leur
tete leurs officiers generaux respectifs, le president demanda a M.
de Rochambeau s'il devait saluer ou non; le general lui repondit que
quand les troupes defilaient devant le Roi, Sa Majeste daignait les
saluer avec bonte. Comme on rendit au Congres les memes honneurs qu'au
Roi, "les treize membres qui le composaient ont ete leurs treize
chapeaux a chaque salut de drapeau et d'officier[189]." Cromot du
Bourg, que j'ai cite plusieurs fois, plus jeune et plus instruit que
Guillaume de Deux-Ponts, quoique soldat moins aguerri, decouvrit a
Philadelphie bien des choses _honnetes et remarquables_[190]. Sur le
premier point, il vante l'accueil genereux et bienveillant qu'il recut
chez le ministre de France, M. de la Luzerne, dont tous les ecrivains
de cette epoque citent l'affabilite et le merite. Il rappelle, dans
son journal, le diner anglais qu'il prit avec les generaux francais et
leur famille (c'est ainsi que les Americains nommaient les aides de
camp) chez le president des Etats.
[Note 188: Cromot du Bourg.]
[Note 189: Deux-Ponts.]
[Note 190: Voir aussi, pour ce meme sujet, les _Voyages_ de
Chastellux, les _Memoires_ de Pontgibaud et la partie des _Memoires_
du prince de Broglie que j'ai inseree dans l'Appendice.]
"Il y avait, dit-il, une tortue que je trouvai parfaite et qui pouvait
peser de 60 a 80 livres. On porta au dessert toutes les santes
possibles." Il cite aussi M. Benezet[191] comme le quaker le plus
zele de Philadelphie. "Je causai avec lui quelque temps; il me parut
penetre de l'excellence de sa morale; il est petit, vieux et laid,
mais c'est reellement un galant homme, et sa figure porte l'empreinte
d'une ame tranquille et d'une conscience calme."
[Note 191: On a une _Vie_ de cet eminent philanthrope qui eleva le
premier la voix contre la traite des negres, Watson, _Annals,_ II,
209.]
En fait de choses remarquables, Cromot du Bourg note d'abord la ville
elle-meme; "Elle est grande et assez bien batie; les rues sont fort
larges et tirees au cordeau; elles ont des deux cotes des
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