itre Arnold, le capitaine Destouches prepara alors une petite
escadre composee d'un vaisseau de ligne, l'_Eveille_, de deux
fregates, la _Surveillante_, la _Gentille_, et du cutter la _Guepe_.
Elle etait destinee a aller dans la baie de Chesapeak, ou Arnold ne
pouvait disposer que de deux vaisseaux, le _Charon_ de 50 canons et
le _Romulus_ de 44, et de quelques bateaux de transport. Cette petite
expedition, dont M. de Tilly eut le commandement, fut preparee dans
le plus grand secret. Elle parvint heureusement dans la baie de
Chesapeak, s'empara du _Romulus_, de trois corsaires et de six bricks.
Le reste des forces ennemies remonta la riviere l'_Elisabeth_ jusqu'a
Portsmouth. Les vaisseaux francais n'ayant pu les y suivre a cause
de leur trop fort tirant d'eau, M. de Tilly revint avec ses prises a
Newport, mais il avait ete separe du cutter la _Guepe_, commandant,
M. de Maulevrier. On apprit plus tard qu'il avait echoue sur le cap
Charles et que l'equipage avait pu se sauver.
[Note 153: L'un de ceux-ci etait le _London_, de 90 canons; l'autre,
le _Bedford_, de 74.]
Ce n'etait que le prelude d'une plus importante expedition dont le
general Washington avait parle a Lauzun et dont celui-ci voulait faire
partie. Il avait ete convenu entre les generaux des deux armees que,
pendant que La Fayette irait assieger Arnold dans Portsmouth, une
flotte francaise portant un millier d'hommes viendrait l'attaquer
par mer. Rochambeau fit embarquer, en effet, sur les vaisseaux de
Destouches 1200 hommes tires du regiment de Bourbonnais, sous la
conduite du colonel de Laval et du major Gambs; et de celui de
Soissonnais, sous les ordres de son colonel en second, le vicomte de
Noailles, et du lieutenant-colonel Anselme de la Gardette.
Telle etait l'organisation de cette expedition:
M. le baron de Viomenil, commandant en chef;
M. le marquis de Laval et le vicomte de Noailles, commandant les
grenadiers et les chasseurs; M. Collot, aide-marechal-des-logis; M. de
Menonville, aide-major-general; M. Blanchard, commissaire principal
des vivres.
Pour remplacer les troupes parties[154], on fit avancer dix-sept cents
hommes des milices du pays sous les ordres du general Lincoln, ancien
defenseur de Charleston.
[Note 154: _Mercure de France_, mai 1781, p. 32.]
Ces choix furent vivement critiques par les principaux officiers.
Lauzun, par exemple, en voulut au general en chef de ne pas l'avoir
engage dans cette expedition, et de Laval se
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