repasser la riviere au corps du general
Wayne et le reunit au sien; puis il placa un corps de milices de
l'autre cote de York-River, en face de Glocester. L'armee anglaise se
trouva ainsi serree a la fois de tous les cotes, et lord Cornwallis
n'eut plus de salut possible que dans une entreprise tres-hasardeuse.
Il reconnut cependant la position de Williamsburg avec dessein de
l'attaquer; mais cette position etait solidement etablie. Deux criques
se jetant, l'une dans James, l'autre dans York-River. resserrent
beaucoup la peninsule en cet endroit. Il eut fallu forcer ces deux
passages bien defendus. Deux maisons et deux batiments publics de
Williamsburg, en pierres, etaient bien places pour defendre le front.
Il y avait cinq mille hommes de troupes americaines et francaises, un
gros corps de milices et une artillerie de campagne bien servie. Lord
Cornwallis ne crut pas devoir risquer l'attaque. Il aurait pu passer
a Gloucester ou remonter York-River, le comte de Grasse ayant neglige
d'envoyer des vaisseaux au-dessus; mais il eut fallu abandonner
artillerie, magasins et malades. La Fayette avait du reste pris des
mesures pour lui couper la retraite en quelques marches. Il se decida
donc a attendre l'attaque. Il aurait pu trouver encore une chance
de salut dans une attaque precipitee, si La Fayette eut cede a une
sollicitation bien tentante. Le comte de Grasse etait presse de s'en
retourner; l'idee d'attendre les generaux et les troupes du Nord le
contrariait beaucoup. Il pressait vivement La Fayette d'attaquer
l'armee anglaise avec les troupes americaines et francaises a
ses ordres, lui offrant pour ce coup de main non-seulement les
detachements qui formaient la garnison des vaisseaux, mais autant de
matelots qu'il en demanderait. Le marquis de Saint-Simon, qui, quoique
subordonne a La Fayette par la date de sa commission, etait bien plus
ancien que lui d'age et de service, reunit ses instances a celles de
l'amiral. Il representa que les ouvrages de lord Cornwallis n'etant
pas acheves, une attaque de forces superieures enleverait suivant
toute apparence York-Town, ensuite Glocester. La tentation etait
grande pour le jeune general de l'armee combinee, qui avait a peine
vingt-quatre ans. Il avait un pretexte irrecusable pour faire cette
attaque, dans la declaration que lui faisait M. de Grasse qu'il ne
pouvait attendre les generaux et les forces venant du Nord. Mais
il pensa que si cette attaque pouvait avoir un succes bril
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