parole. La Perouse fut charge des depeches
de l'amiral Ternay.
Le 27 octobre, douze vaisseaux anglais parurent en vue de la ville;
mais le lendemain un coup de vent les dispersa et La Perouse profita
habilement du moment ou ils ne pouvaient pas se reunir pour faire
sortir l'_Amazone_ avec deux autres fregates, la _Surveillante_ et
l'_Hermione_, qui portaient un chargement de bois de construction a
destination de Boston. Ces navires furent vivement chasses par les
croiseurs anglais; l'_Amazone_ eut deux mats abattus; mais elle etait
deja hors de la portee des vaisseaux ennemis, qui s'arreterent dans
leur poursuite.
L'amiral Rodney repartit pour les iles dans le courant de novembre. Il
laissait une escadre de douze vaisseaux de ligne a l'amiral Arbuthnot,
qui etablit son mouillage pour tout l'hiver dans la baie de Gardner,
a la pointe de Long-Island, afin de ne pas perdre de vue l'escadre
francaise. En meme temps, avec des vaisseaux de cinquante canons et
des fregates, il etablissait des croisieres a l'entree des autres
ports de l'Amerique. La concentration des forces anglaises devant
Rhode-Island avait ete tres-favorable au commerce de Philadelphie et
de Boston; les corsaires americains firent meme beaucoup de prises sur
les Anglais.
Vers cette epoque, le general Green, qui avait pris le commandement de
l'armee du Sud apres la defaite du general Gates, demanda du secours
et surtout de la cavalerie qu'on put opposer au corps du colonel
Tarleton, a qui rien ne resistait. Il disait que sans cavalerie il
ne repondait pas que les provinces du Sud ne se soumissent au roi
d'Angleterre. Le duc de Lauzun, apprenant que La Fayette allait partir
pour ces provinces et sur de l'agrement de Washington, n'hesita pas a
demander a etre employe dans cette expedition et a servir aux ordres
de La Fayette "quoique j'eusse, dit-il dans ses Memoires, fait
la guerre comme colonel longtemps avant qu'il ne sortit du
college."--Rochambeau lui refusa cette autorisation, et la demarche de
Lauzun fut fort blamee dans l'armee, surtout par le marquis de Laval,
colonel de Bourbonnais. Par un ridicule point d'honneur dont nous
avons deja parle et qui pouvait avoir de funestes consequences pour
la discipline et pour le salut general, les officiers du corps
expeditionnaire s'etaient promis de ne pas servir aux ordres de La
Fayette et avaient meme sollicite de M. de Rochambeau de ne pas les
employer sous lui[149].
[Note 149: Ce sentiment de jalous
|