eres, officier de Deux-Ponts, et huit
autres officiers, parmi lesquels se trouvaient les freres Berthier,
qui furent adjoints a l'etat-major de Rochambeau.
Il vint a cette epoque, au camp francais, differentes deputations de
sauvages. Les chefs temoignaient surtout leur etonnement de voir
les pommiers charges de fruits au-dessus des tentes que les soldats
occupaient depuis trois mois. Ce fait prouve a quel point etait
poussee la discipline dans l'armee et montre avec quelle scrupuleuse
attention on respectait la propriete des Americains. Un des chefs
sauvages dit un jour a Rochambeau dans une audience publique "Mon
pere, il est bien etonnant que le roi de France notre pere envoie ses
troupes pour proteger les Americains dans une insurrection contre le
roi d'Angleterre leur pere.
"--Votre pere le roi de France, repondit Rochambeau, protege la
liberte naturelle que Dieu a donnee a l'homme. Les Americains ont ete
surcharges de fardeaux qu'ils n'etaient plus en etat de porter. Il a
trouve leurs plaintes justes: nous serons partout les amis de leurs
amis et les ennemis de leurs ennemis. Mais je ne peux que vous
exhorter a garder la neutralite la plus exacte dans toutes ces
querelles.[148]"
Cette reponse etait conforme a la verite en meme temps qu'a la
politique de la France. Si elle ne satisfit pas completement les
Indiens, de bons traitements et de beaux presents furent plus
persuasifs, car ils garderent la neutralite pendant les trois
campagnes de l'armee francaise en Amerique.
[Note 148: La visite des Sauvages a M. de Rochambeau doit etre
reportee au 29 aout 1780, a Newport (Blanchard). On leur fit quelques
cadeaux de couvertures qu'on avait prises a cette intention de France.
Ils repartirent le 2 septembre.]
XII
L'escadre anglaise bloquait toujours New-port. Pourtant il devenait
urgent de faire partir la fregate l'_Amazone_, commandee par La
Perouse, qui devait porter en France le vicomte de Rochambeau avec
des depeches exposant aux ministres la situation critique des armees
francaise et americaine. Il devait surtout hater l'envoi de l'argent
promis car le pret des soldats n'etait assure, par des emprunts
onereux, que jusqu'au 1'er janvier, et l'on allait se trouver sans
ressources. Le jeune Rochambeau avait appris par coeur les depeches
dont il etait charge pour pouvoir les dire verbalement aux ministres,
apres avoir detruit ses papiers, dans le cas ou il serait pris et ou
il aurait ete renvoye sur
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