ur une langue de terre qui s'avance dans
l'Hudson et qui domine le cours, est dans une position tellement
importante qu'on l'avait appele le Gibraltar de l'Amerique. La
conservation de ce poste, ou commandait le general Arnold, etait d'une
importance capitale pour les Etats-Unis. Le general Washington, qui se
rendait avec La Fayette et le general Knox a l'entrevue d'Hartford,
passa l'Hudson le 18 septembre et vit Arnold, qui lui montra une
lettre du colonel Robinson, embarque sur le sloop anglais le
_Vautour_, pretendant que cet officier lui donnait un rendez-vous pour
l'entretenir de quelque affaire privee; Washington lui dit de refuser
ce rendez-vous, ce a quoi Arnold parut consentir.
L'entrevue d'Hartford eut lieu le 20 septembre 1780 entre Washington,
La Fayette, le general Knox d'une part, Rochambeau, de Ternay et de
Chastellux de l'autre. Rochambeau avait avec lui comme aides de camp
MM. de Fersen, de Damas et Dumas. On y regla toutes les bases des
operations dans la supposition de l'arrivee de la seconde division
francaise ou d'une augmentation de forces navales amenees ou envoyees
par M. de Guichen. On y decida aussi d'envoyer en France un officier
francais pour solliciter de nouveaux secours et hater l'envoi de ceux
qui avaient ete promis. On pensa d'abord a charger de cette ambassade
de Lauzun, que sa liaison avec le ministre, de Maurepas, rendait plus
propre a obtenir un bon resultat. Rochambeau proposa son fils, le
vicomte de Rochambeau, colonel du regiment d'Auvergne, qui avait ete
detache dans l'etat-major de son pere[146].
[Note 146: Le vicomte de Rochambeau est designe par Blanchard,
ainsi qu'on l'a pu voir dans la composition des cadres du corps
expeditionnaire que j'ai donnee plus haut, comme colonel du regiment
de Bourbonnais. Tres peu de _Memoires_ du temps disent, avec les
_Archives_ du ministere de la guerre de France, qu'il etait attache a
l'etat-major de son pere.]
Les esperances qu'on avait concues de pouvoir prendre l'offensive
s'evanouirent par la nouvelle que recurent les generaux de l'arrivee a
New-York de la flotte de l'amiral Rodney, qui triplait les forces
des Anglais. Le baron de Viomenil, qui commandait en l'absence de
Rochambeau, prit toutes les dispositions necessaires pour assurer
le mouillage de l'escadre contre ce nouveau danger; mais il envoya
courrier sur courrier a son general en chef pour le faire revenir.
Arnold, depuis dix-huit mois, avait etabli des relations secrete
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