s la lettre n'arriva au cap Francais qu'apres le depart de M. de
Guichen. M. de Monteil, qui le remplacait, ne put pas la dechiffrer.
Les nouvelles des Etats du Sud n'etaient pas bonnes non plus. Lord
Cornwallis avait ete a Camden au devant du general Gates, qui marchait
a lui pour le combattre. Ce dernier fut battu et l'armee americaine
fut completement mise en deroute. De Kalb s'y fit tuer a la tete
d'une division qui soutint tous les efforts des Anglais pendant cette
journee [144].Le general Gates se retira avec les debris de son armee
jusqu'a Hill's Borough, dans la Caroline du Nord.
[Note 143: Voir la _Notice biographique_ sur M. de Guichen, et _ante_,
p. 80 et 81.]
[Note 144: Le general Gates ecrivit apres sa defaite, je pourrais dire
sa fuite, une curieuse lettre que j'ai inseree dans les _Maryland
Papers._ V. _Notice biog._ de Kalb.]
Cependant M. de Rochambeau n'attendait que l'arrivee de sa seconde
division et un secours de quelques vaisseaux pour prendre l'offensive.
Sur la nouvelle de l'approche de M. de Guichen [145], il obtint enfin
du general Washington une entrevue depuis longtemps desiree. Elle fut
fixee au 20 septembre.
[Note 145: L'_Alliance_, qui lui apporta cette nouvelle inexacte,
arriva a Boston le 20 aout 1780. Elle etait partie de Lorient le 9
juillet. Elle portait de la poudre et d'autres munitions pour l'armee;
mais son capitaine, Landais, etant devenu fou pendant la traversee
(voir _Mem._ de Pontgibaud), on avait du l'enfermer dans sa chambre et
donner le commandement au second. Il y avait a bord M. de Pontgibaud,
aide de camp de La Fayette, M. Gau. commandant d'artillerie
(Blanchard), et le commissaire americain Lee. Cette fregate repartit
dans les premiers jours de fevrier 1781, avec M. Laurens qui se
rendait a la Cour de Versailles. Voir aussi _Naval History of the
United States_, par Cooper.]
Rochambeau partit le 17 pour s'y rendre en voiture avec l'amiral
Ternay, qui etait fortement tourmente de la goutte. La nuit, aux
environs de Windham, la voiture vint a casser, et le general dut
envoyer son premier aide de camp, de Fersen, jusqu'a un mille du lieu
de l'accident, pour chercher un charron. Fersen revint dire qu'il
avait trouve un homme malade de la fievre quarte qui lui avait repondu
que, lui remplit-on son chapeau de guinees, on ne le ferait point
travailler la nuit. Force fut donc a Rochambeau et de Ternay d'aller
ensemble solliciter ce charron; ils lui dirent que le genera
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