sur-le-champ pour tenter l'attaque de New-York.
Cette lettre se terminait par une sorte de sommation basee sur la
politique du pays et sur la consideration que cette campagne etait le
dernier effort de son patriotisme. D'un autre cote, le meme courrier
apportait une missive de Washington qui ne parlait pas du tout de ce
projet, mais qui ne repondait que par une sorte de refus aux instances
de Rochambeau pour obtenir une conference, ou "dans une heure de
conversation on conviendrait de plus de choses que dans des volumes
de correspondance[142]." Washington disait avec raison qu'il n'osait
quitter son armee devant New-York, car elle pourrait etre attaquee
d'un moment a l'autre, et que, par sa presence, il s'opposait au
depart des forces anglaises considerables qui auraient pu etre
dirigees contre Rhode-Island. Il est certain en effet que s'il ne
s'etait eleve quelques dissentiments entre le general Clinton et
l'amiral Arbuthnot, les Francais auraient pu se trouver des le debut
dans une position desastreuse. Il resulta des premieres lettres
echangees a cette occasion entre La Fayette, Rochambeau et Washington
un commencement de brouille qui fut vite dissipee grace a la sagesse
de Rochambeau. Il ecrivit en anglais au general americain pour lui
demander de s'adresser directement a lui desormais et pour lui exposer
les raisons qui l'engageaient a differer de prendre l'offensive. Il
insistait en meme temps pour obtenir une conference. Depuis ce moment,
les rapports entre les deux chefs furent excellents.
[Note 142: _Memoires_ de Rochambeau.]
La seule presence de l'escadre et de l'armee francaise, quoiqu'elles
fussent paralysees encore et reellement bloquees par l'amiral
Arbuthnot, avait opere une diversion tres-utile, puisque les Anglais
n'avaient pu profiter de tous les avantages resultant de la prise de
Charleston, et qu'au lieu d'operer dans les Carolines avec des forces
preponderantes, ils avaient ete forces d'en ramener a New-York la
majeure partie.
Au commencement de septembre on eut enfin des nouvelles de l'escadre
de M. de Guichen, qui avait paru sur les cotes sud de l'Amerique.
Apres avoir livre plusieurs combats dans les Antilles contre les
flottes de l'amiral Rodney[143], il se mit a la tete d'un grand convoi
pour le ramener en France. Le chevalier de Ternay, se voyant bloque
par des forces superieures, avait requis de lui quatre vaisseaux de
ligne qu'il avait le pouvoir de lui demander pour se renforcer;
mai
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