erale
sortira un bien general. J'espere aussi que ce sera la fin de la crise
financiere. Ainsi soit-il! Ce sera un premier acte de joue dans la
grande piece dont personne ne sait le denouement.
Bonsoir, mon Bouli! ne sois pas inquiet: je t'ecrirais s'il y avait
seulement un coup de fusil tire; ainsi sois tranquille. Je te _bige_.
J'ai vu Solange aujourd'hui. Elle se porte bien. Rien de nouveau pour
mes affaires. Ma _Revue_ ne prend guere: on est trop preoccupe, on vit
au jour le jour.
Bonsoir encore; j'ecoute si la guerre civile commence: je n'entends
que les heures qui sonnent au Luxembourg et ta girouette qui se plaint
_comme un oeuf_.
CCLXXVI
AU MEME
Paris, 21 avril 1848.
Ne t'inquiete pas. Tu ne m'as pas dit quelles raisons tu avais eues pour
casser ton conseil, mais il aurait fallu commencer par la.
Quoi qu'il en soit, je te reponds que tu n'auras pas le dessous; j'ai
parle de cela a Ledru-Rollin, qui m'a dit que probablement tu n'avais
pas agi ainsi par caprice, que sans doute il y avait necessite, et que
tu devais etre appuye et soutenu. Je viens d'ecrire a Fleury un peu
ferme la-dessus; ne te laisse pas emouvoir par les recriminations et les
menaces.
Tout homme qui agit revolutionnairement en ce moment-ci, qu'il soit
membre du gouvernement provisoire ou maire de Nohant-Vic, trouve la
resistance, la reaction, la haine, la menace. Est-ce possible autrement,
et aurions-nous grand merite a etre revolutionnaires si tout allait
de soi-meme, et si nous n'avions qu'a vouloir pour reussir? Non, nous
sommes, et nous serons peut-etre toujours dans un combat obstine.
Ai-je vecu autrement depuis que j'existe, et avons-nous pu croire que
trois jours de combat dans la rue donneraient a notre idee un regne sans
trouble, sans obstacle et sans peril? Nous sommes sur la breche a Paris
comme a Nohant. La contre-revolution est sous le chaume comme sous le
marbre des palais. Allons toujours! ne t'irrite pas, tiens ferme, et
surtout habitue tes nerfs a cet etat de lutte qui deviendra bientot un
etat normal. Tu sais bien qu'on s'accoutume a dormir dans le bruit. Il,
ne faut jamais croire que nous pourrons nous arreter. Pourvu que nous
marchions en avant, voila notre victoire et notre repos.
La fete de la Fraternite a ete la plus belle journee de l'histoire. Un_
million d'ames,_ oubliant toute rancune, toute difference d'interets,
pardonnant au passe, se moquant de l'avenir, e
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