C'est l'oeuvre d'un prisonnier et d'un martyr.
Il y a de belles choses et un melange de christianisme et de paganisme
assez curieux, c'est-a-dire l'idee chretienne et la force paienne, ce
qui marque un temps de transition comme le notre. Je ne sais pas si vous
etes plus latiniste que moi; ce ne serait pas dire beaucoup plus que
zero. Mais ce latin est facile, et le latin est une langue qu'on se
remet toujours a comprendre en peu de jours. Ensuite, c'est un de ces
livres a consulter plus qu'a lire, et enfin je vous l'ai envoye comme je
vous aurai envoye une bague, n'ayant que cela de portatif sous la main.
Si vous avez besoin de livres pour de bon, faites-le moi dire, et je
vous enverrai ce que vous desirerez.
Adieu; ne me repondez que quand vous avez le desir et le besoin. C'est
un bonheur pour moi qu'une lettre de vous; mais je ne veux pas que ma
joie vous coute un effort ou une fatigue.
Aucante, qui a vu votre soeur, ne me fait pas esperer qu'elle puisse
venir me voir. J'en eprouve un vif regret. Dites-le-lui bien; mais
qu'elle me laisse l'esperance de la connaitre dans des temps meilleurs,
et viennent bientot ces jours-la! Je sais que c'est une femme d'un
caractere admirable et qui vous aime comme vous devez etre aime. Je
vous charge de l'embrasser pour moi, elle ne peut point refuser
l'intermediaire. Je vous charge aussi de me rappeler au souvenir du
brave citoyen Albert, votre compagnon de malheur et de courage, et de
lui serrer pour moi la main d'aussi bon coeur et avec autant de foi et
d'esperance que je la lui ai serree au Luxembourg.
Maurice vous embrasse tendrement, Borie aussi. J'ai recu de Paris ce
matin une longue lettre de Marc Dufraisse, qui m'avait promis de me
rendre bon compte de vous et qui m'en donne douze pages. Vous voyez si
nous nous occupons de vous.
Adieu encore, ami. Faites que je puisse vous ecrire quelquefois. Je ne
vous recommande pas le courage, vous n'en avez que trop pour ce qui vous
concerne. Rappelez-vous seulement que je vous aime du meilleur de mon
ame.
GEORGE.
CCXCIV
A JOSEPH MAZZINI, A FLORENCE.
Nohant, 5 mars 1849.
Mon ami,
Je recois aujourd'hui votre lettre de Florence. Je vous ai ecrit a
Florence a l'adresse de M. Cajali, il y a plusieurs jours. Etes-vous
bien sur de me donner sans distraction et sans erreur les adresses
que vous m'indiquez? Vous m'avez designe M. Cajali dans deux lettres
differentes, a _Marseille_ et
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