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et genereux. Bourgeoisie aveugle et ingrate, qui ne voit point que
ces idees l'ont sauvee en fevrier et qui essaye de tourner contre les
socialistes une rage factice, excitee par elle dans le sein du peuple!
Caste insensee, temeraire comme une royaute expirante, qui joue sa
derniere partie, qui cherche son appui, comme les monarques d'hier, dans
la force materielle, et qui, depuis trois mois, travaille a sa propre
perte avec une ardeur deplorable!
D'un bout de la France a l'autre, cette caste se donne le mot d'ordre et
ne craint pas de jeter un cri de mort contre ceux qu'elle appelle des
factieux, sans songer que ce meme peuple, qu'elle provoque contre
lui-meme, peut perdre en un jour le fruit d'une civilisation morale
acquise depuis vingt ans, et redevenir, sous le coup de la peur, du
soupcon et de la colere, le peuple terrible a tous, le peuple de 93, qui
fut la gloire farouche de son temps et qui serait la honte sanglante de
la cause nouvelle!
Esperons encore que notre peuple sera plus fort et plus grand que les
passions funestes qu'on s'efforce de reveiller en lui. Esperons qu'il
restera sourd a ces agents provocateurs qui veulent l'agiter a leur
profit et qui s'imaginent qu'apres l'avoir dechaine contre nous, il
ne se retournerait pas contre eux le lendemain. Il ne tient pas a la
bourgeoisie reactionnaire que le peuple de France n'agisse comme les
lazzaroni de Naples.
Mais ce complot impie echouera, Dieu interviendra et peut-etre la caste
des riches ouvrira-t-elle aussi les yeux. Nous, les amis de l'humanite,
nous ne voulons pas que les riches soient punis, nous disons apres
Jesus: "Qu'ils se convertissent et qu'ils vivent!"
Prions pour qu'il en soit ainsi. Ah! qu'ils nous connaissent mal, ceux
qui nous croient leurs ennemis et leurs juges implacables! Comment ne
savent-ils pas qu'on ne peut pas aimer le peuple sans hair le mal que
commettrait le peuple! comment ne voient-ils pas que l'oeuvre qu'ils
accomplissent, en cherchant a rendre le peuple brutal et sanguinaire,
nous est mille fois plus douloureuse que tout le mal qu'ils pourraient
nous faire a nous-memes! Nous aimons le peuple comme notre enfant;
nous l'aimons comme on aime ce qui est malheureux, faible, trompe et
sacrifie; comme on aime ce qui est jeune, ignorant, pur encore, et
portant en soi le germe d'un avenir ideal. Nous l'aimons comme on aime
la victime innocente, disputee a la fatalite eternelle; comme on aime le
Christ sur la croix, comm
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