et tres modestes devant les moyens proposes. Nous devons ne point croire
que nous ayons chacun un moyen qui est le seul, et nous bien persuader
que les moyens ne se trouvent qu'en commun et par la discussion
pacifique. L'erreur de Proudhon, c'est de croire que tout est dans un
moyen. Helas! ce moyen, fut-il parfait, tombe dans le vide, s'il est
offert a une majorite recalcitrante. Mais il est bon peut-etre
que Proudhon ait cette croyance etroite qui concentre sa force
intellectuelle.
Quelques hommes ont cette etroitesse de vues et deviennent grands par
cela meme. Temoin Voltaire et tant d'autres, qui, a force de rejeter ce
qu'ils croyaient inutile, se sont rendus utiles et puissants dans
leur specialite. Laissons grandir les hommes pratiques parmi nous et
gardons-nous de croire qu'il n'en faille point. Mais gardons-nous
egalement de nous croire tous des hommes pratiques; car, bien qu'il y en
ait en France maintenant plus qu'a aucune autre epoque, c'est encore
et ce sera peut-etre toujours une precieuse minorite, par rapport a la
population.
Voila pourquoi je n'ai pas vu avec regret que M. Borie s'arretat
precisement devant le moyen; s'il a en lui un moyen, c'est apres un
autre genre de travail, c'est dans un ouvrage special qu'il doit
l'exposer, s'il le juge a propos. Mais nous n'en sommes pas encore, en
France, a ce point de pouvoir presenter simultanement la theorie et
l'application. Pierre Leroux y a echoue, malgre son genie.
Remarquez bien. Il y a plus d'un moyen de definir la propriete
individuelle et la propriete commune. Proudhon vous dira que tout
cela est concilie par son systeme. Un autre vous proposera une banque
hypothecaire; je crois que ce serait le reve de M. Borie, par exemple,
et je connais plusieurs personnes qui croient aussi a ce moyen sous
diverses formes. Un troisieme viendra et vous parlera de l'impot
progressif; un quatrieme, de moyens plus modestes, mais qui seraient
immediatement applicables si l'Assemblee nationale avait seulement un
peu de foi et de volonte, la communaute dans le systeme des chemins
de fer par l'Etat, les assurances mutuelles sous diverses formes, et,
toutes, tendant a constituer un fonds social _reel_; car nous en avons
deja un fictif qui repose sur l'impot, mais qui est mal assis et ne
profite qu'aux riches.
Vous voyez que voila bien des moyens, et je crois que tous sont bons.
Si j'avais la capacite financiere, je suis sure que j'en trouverais dix
autres a vous pr
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