nnaire, comme avec la bourgeoisie democratique,
comme avec les socialistes, que le peuple doit se gouverner. Il lui
faut, pour s'eclairer, la lutte pacifique et legale de tous ces elements
divers.
Qu'une majorite democratique et sociale se dessine dans le sein de notre
Assemblee, et nous sommes sauves avec le temps; mais, que ce soit
une majorite definitivement reactionnaire et marchant a son but, la
dissolution de l'ordre social commence, l'insolente chimere d'une
republique oligarchique s'evanouit dans une crise extreme, et le hasard
s'empare pour longtemps des destinees de la France.
Voila ce qu'il n'est point permis de dire en France, a l'heure qu'il est
sans s'attirer la haine des partis. La reaction appelle cette prevoyance
un appel a la guerre civile. Le parti _modere_ sourit d'un air capable
et meprise souverainement toute autre solution que celle qu'il pretend
avoir et qu'il n'a point. Chaque coterie philosophico-politique a son
homme, son fetiche qui pourrait sauver la Republique a lui tout seul et
dont il n'est point permis de douter. Chaque ambitieux satisfait devient
optimiste a l'instant meme; l'ambitieux mecontent declare que la
Republique est perdue, faute de son concours.
Au milieu de ces tiraillements de l'interet personnel, la foi au
principe s'efface ou du moins l'intelligence de ce principe s'amoindrit
dans les esprits. Toutes les frayeurs, comme tous les appetits de
pouvoir, convergent vers le meme but, le respect de la representation
nationale, l'appel jaloux a son omnipotence. Mais ce n'est point un
respect sincere, ce n'est point une foi serieuse. Cette Assemblee, qui
represente bien un principe, n'est pas un principe en action. C'est
quelque chose de creux comme une formule; c'est l'image de quelque chose
qui devrait etre; chaque nuance de l'opinion trouve la quelques noms
propres qu'elle preconise; mais tout bas chacun se dit: "Excepte Pierre,
Jacques et Jean, tous ces representants ne representent rien."
Le nom propre est l'ennemi du principe, et pourtant il n'y a que le
nom propre qui emeuve le peuple. Il cherche qui le representera, lui,
l'eternel represente, et il cherche, dans les individualites extremes,
ceux-ci M. Thiers, ceux-la M. Cabet, d'autres Louis Bonaparte, d'autres
Victor Hugo, produit bizarre et monstrueux du vote, et qui prouve
combien peu le peuple sait ou il va et ce qu'il veut.
La question est pourtant facile a eclairer pour le peuple: "Etre ou ne
pas etre;" mais
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