il etait foudroye.
J'oserai vous dire que je regrette que vous n'ayez pas voulu accepter
les debats: vous ne vous seriez pas _defendu_, il n'y a pas de danger
qu'on vous y prenne, pauvre cher martyr! mais vous auriez eu l'occasion
de faire entendre des paroles utiles. Il est vrai qu'il vous eut fallu
peut-etre separer votre cause de celle de certains coaccuses, lesquels,
plus _coupables_ peut-etre que vous, se defendent bel et bien
aujourd'hui. Je ne puis etre juge de vos motifs personnels, et j'ai
d'avance la certitude que vous avez pris, comme a l'ordinaire, le plus
noble et le plus genereux parti.
Ce que je n'ai jamais bien compris et ce que vous m'expliquerez
seulement quand nous nous verrons,--car, jusque-la, soyez tranquille,
j'accepterai tout de vous avec la confiance la plus absolue dans vos
intentions,--c'est le vote du milliard. Vous pensez bien que je ne
m'occupe pas de la chose en elle-meme; mais je ne comprends pas bien
l'opportunite _politique_ de cet appel, remuneratoire en un pareil
moment.
Les representants reactionnaires eussent-ils vote sous le coup de la
peur comme en prairial, ils devaient certainement agir ensuite comme
leurs peres, c'est-a-dire provoquer un contre-coup et se parjurer
le plus tot possible. La dissolution de l'Assemblee par la force me
paraitrait plus logique, si je reconnaissais qu'on en eut eu le droit
a ce moment-la. Mais pourquoi cette proposition d'impot au milieu d'un
tumulte encore sans issue et sans couleur arretee? Etait-ce pour sauver
l'Assemblee, en lui offrant ce moyen de transaction avec la masse
irritee? Etait-ce pour apaiser cette masse et l'empecher de demander
davantage?
C'est la, je crois, le grand grief des reactionnaires contre vous,
car le fait d'aller a l'hotel de ville pour maitriser ou diriger un
mouvement accompli pour ainsi dire malgre vous, est un acte dont les
plus hostiles devraient vous innocenter dans leur propre interet. Ils ne
vous pardonneront pas le milliard, et vous ne voulez point qu'ils vous
pardonnent rien, je le concois. J'ai ete bien tourmentee du desir de
prendre ouvertement votre defense dans un ecrit special, auquel j'aurais
donne, dans un moment decisif, le plus de retentissement possible; mais
il aurait fallu que vous y consentissiez d'abord, et j'en doutais;
d'autre part, il aurait fallu savoir a fond ce que vous vouliez dire
de tout cela au public independant. Je me suis trouvee dans un cercle
vicieux; car, selon toute apparen
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