_ du Luxembourg, voulant se faire
proclamer dictateur et chasser tout, excepte lui. Je n'en ai pas la
preuve; mais cela me parait certain maintenant.
Voici comment ont agi les quatre conspirations:
Ledru-Rollin, ne pouvant s'entendre avec Louis Blanc, ou se sentant
trahi par lui, n'a rien fait a propos et n'a eu qu'un role efface.
Marrast et compagnie ont appele, sous main, a leur aide toute la
banlieue et toute la bourgeoisie armee, sous pretexte que Cabet voulait
mettre Paris a feu et a sang, et on l'a si bien persuade a tout le
monde, que le parti honnete et brave de Ledru-Rollin, qui etait soutenu
par Barbes, Caussidiere et tous mes amis, est reste coi, ne voulant pas
donner a son insu, dans la confusion d'un mouvement populaire, aide et
protection a Cabet, qui est un imbecile, a Raspail et a Blanqui, les
_Marat_ de ce temps-ci. La conspiration de Blanqui, Raspail et Cabet
n'existait peut-etre pas, a moins qu'elle ne fut melee a celle de Louis
Blanc. Par eux-memes, ces trois hommes ne reunissent pas a Paris mille
personnes sures. Ils sont donc peu dignes du fracas qu'on a fait a leur
propos.
La conspiration Louis Blanc, composee de trente mille ouvriers des
corporations, rallies par la formule de l'organisation du travail, etait
la seule qui put inquieter veritablement le parti Marrast; mais elle eut
ete ecrasee par la garde nationale armee, si elle eut bouge.
Toutes ces combinaisons avaient chacune un pretexte different pour se
mettre sur pied aujourd'hui.
Pour les ouvriers de Louis Blanc, c'etait de se reunir au Champ de Mars,
afin d'elire les officiers de leur etat-major.
Pour la banlieue de Marrast, c'etait de venir reconnaitre ses officiers.
Pour la mobile et la police de Caussidiere et Ledru, c'etait d'empecher
Blanqui, Raspail et Cabet de tenter un coup de main.
Pour ces derniers, c'etait de porter des offrandes patriotiques a
l'hotel de ville.
Au milieu de tout cela, deux hommes pensaient a eux-memes sans agir.
Leroux se tenait pret a _escamoter la papaute_ de Cabet sur les
communistes. Mais il n'avait pas assez de suite dans les idees ou pas
assez d'audace pour en venir a bout. Il n'a pas paru.
L'autre homme, c'est Lamartine, espece de Lafayette naif, qui veut etre
president de la Republique et qui en viendra peut-etre a bout, parce
qu'il menage toutes les idees et tous les hommes; sans croire a aucune
idee et sans aimer aucun homme. Il a eu les honneurs et le triomphe de
la journee
|