ofond silence. A cent
vingt pas environ de la redoute, ils furent apercus par une sentinelle
hessoise qui, du haut du parapet, cria en allemand Wer da? (Qui
vive?). On ne repondit rien, mais on doubla le pas. Immediatement
l'ennemi fit feu. On ne lui repondit pas davantage, et les
charpentiers qui marchaient en tete attaquerent les abatis a coups de
hache. Ils etaient encore bien forts et bien conserves, malgre le feu
continu des jours precedents. Ils arreterent quelques instants la
colonne d'attaque, qui, se trouvant encore a vingt-cinq pas de la
redoute, aurait ete fort exposee si l'obscurite n'avait enleve au tir
de l'ennemi toute precision. Une fois les abatis et les palissades
franchis avec resolution, les fascines furent jetees dans le fosse, et
tous lutterent d'ardeur et d'activite pour se faire jour au travers
des fraises ou monter a l'assaut.
Charles de Lameth parvint le premier sur le parapet et il recut a bout
portant la premiere decharge de l'infanterie hessoise. Une balle lui
fracassa le genou droit, une autre lui traversa la cuisse gauche. M.
de l'Estrade, malgre son age, escaladait le parapet apres lui. Mais
telle etait l'ardeur des soldats que l'un d'eux ne reconnaissant
pas son chef, se suspendit a son habit pour s'aider a monter et
le precipita dans le fosse ou plus de deux cents hommes passerent
necessairement sur son corps. Bien qu'il fut tout meurtri, M. de
l'Estrade se releva et remonta a l'assaut. M. de Deux-Ponts retomba
aussi dans le fosse apres une premiere tentative. M. de Sillegue,
jeune officier des chasseurs de Gatinais, qui etait un peu plus en
avant, vit son embarras et lui offrit son bras pour l'aider a monter.
Au meme instant il recut un coup de fusil dans la cuisse. Un petit
nombre d'hommes etant enfin parvenus sur le parapet, M. de Deux-Ponts
ordonna de tirer. L'ennemi faisait un feu tres-vif et chargeait
a coups de baionnette, mais sans faire reculer personne. Les
charpentiers avaient fini par faire dans les palissades une large
breche qui permit au gros de la troupe d'arriver sur le parapet. Il se
garnissait rapidement et le feu des assaillants devenait tres-vif a
son tour, tandis que l'ennemi s'etait place derriere une sorte de
retranchement de tonneaux qui ne le protegeait guere.
Le moment etait venu du reste de sauter dans la redoute et M. de
Deux-Ponts se disposait a faire avancer a la baionnette, quand les
Anglais mirent bas les armes. Un cri general de _Vive le roi_ fut
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