Ms. de Dupetit-Thouars.]
Le 16, Savannah fut somme de se rendre _aux armes de France_. Cette
sommation ne fut ainsi faite que parce que l'armee americaine n'etait
pas encore arrivee; mais les loyalistes en prirent pretexte pour
accuser les Francais de vouloir faire des conquetes pour leur propre
compte.
La garnison demanda vingt-quatre heures pour reflechir a une reponse.
Cette demande n'avait d'autre but que de donner le temps a un
detachement commande par le lieutenant-colonel Maitland de se joindre
a l'armee anglaise dans Savannah. Cette jonction s'opera en effet
avant l'expiration du delai, et le general Prevost se crut alors en
etat de resister a un assaut.
Les assiegeants, reduits a la necessite de faire une brusque attaque
ou de faire un siege en regle, se virent contraints de prendre le
premier parti. La distance ou etait leur flotte et le defaut de
voitures leur firent perdre un temps d'autant plus precieux que leurs
adversaires travaillaient avec une grande activite a augmenter leurs
moyens de defense. Plusieurs centaines de negres, sous la direction du
major Moncrief, perfectionnaient chaque jour les ouvrages de la
ville. Ce ne fut que le 23 au soir que les Francais et les Americains
ouvrirent la tranchee.
Le 24, le major Graham a la tete d'un faible detachement des assieges
fit une sortie sur les troupes francaises, qui le repousserent sans
difficulte; mais ceux-ci s'approcherent si pres des retranchements de
la place qu'a leur retour ils furent exposes a un feu tres vif qui
leur tua plusieurs hommes.
La nuit du 27, une nouvelle sortie eut lieu sous la conduite du major
Mac-Arthur. Elle jeta un tel trouble chez les assiegeants que les
Francais et les Americains tirerent quelque temps les uns sur les
autres.
Assiegeants et assieges se canonnerent sans grand resultat jusqu'au 8
octobre. Ce jour-la, le major L'Enfant emmena cinq hommes et marcha a
travers un feu tres-vif jusque contre les ouvrages de la place pour
mettre le feu aux abattis. L'humidite du bois empecha le succes de
cette tentative hardie dans laquelle le major fut blesse.
Sur les instances des ingenieurs, qui ne croyaient pas a la
possibilite d'un succes rapide par un siege en regle, et sur les
representations de ses officiers de marine, qui lui montraient les
perils auxquels etait exposee la flotte, le comte d'Estaing se
determina a livrer l'assaut.
Le 9 octobre au matin, trois mille cinq cents hommes de troupes
francaises, s
|