e l'imperitie des amiraux et les mauvais temps paralyserent
souvent, mais qui jeterent pourtant sur les armes francaises un eclat
nouveau. La Dominique fut prise; mais les Anglais s'emparerent de
Sainte-Lucie que d'Estaing ne put recouvrer[97].
[Note 97: _Histoire raisonnee des operations militaires et politiques
de la derniere guerre,_ par M. Joly de Saint-Vallier, lt-col.
d'infanterie. Liege, 1783.--L'auteur (pages 70 et 99) fait un grand
eloge de M. de Bouille.
Voir _Notices biographiques_ et aussi _la Vie de M. de Bouille._
Paris. 1853.]
C'est a cette epoque que La Fayette demanda au Congres l'autorisation
de retourner en France, soit pour servir d'une maniere plus efficace a
la Cour la cause americaine, soit pour reprendre du service dans son
pays si la guerre devenait continentale. Il s'embarqua a Boston, sur
_l'Alliance_[98], le 11 janvier 1779, comble des remerciements et
des felicitations du Congres. Il revint quelques mois plus tard sur
_l'Hermione_ a Boston, le 28 avril 1780, reprendre son poste dans la
guerre de l'independance, precedant les secours en hommes, en effets
et en argent qu'il avait obtenus du gouvernement francais.
[Note 98: La fregate _l'Alliance_ fut achevee specialement pour
ramener La Fayette en France en 1779.]
D'Estaing compensa la perte de Sainte-Lucie en s'emparant des iles de
Saint-Vincent et de la Grenade, en presence de la flotte commandee
par l'amiral Byron. Il lui livra ensuite une bataille navale, le 6
juillet, qui mit les vaisseaux anglais hors d'etat de tenir la mer.
Le pavillon francais eut en ce moment l'empire de la mer dans les
Antilles et d'Estaing put se diriger vers les cotes de la Georgie pour
reconquerir cette province en soutenant le general Lincoln. Le siege
de Savannah (septembre 1779), attaque infructueuse, qui fit couler
tant de sang francais sur le territoire des Etats-Unis, fut
immediatement entrepris.
Le comte d'Estaing declara plusieurs fois qu'il ne pouvait pas rester
a terre plus de dix ou quinze jours. La prise de Savannah etait
regardee comme certaine. Pleine de cet espoir, la milice se mit en
campagne avec une ardeur extraordinaire. Les Anglais avaient coule
a fond dans le canal deux vaisseaux armes, quatre transports et
plusieurs petits batiments. Les grands vaisseaux du comte d'Estaing ne
pouvaient s'approcher du rivage et le debarquement ne put
s'effectuer que le 12 septembre avec de petits vaisseaux envoyes de
Charleston[99].
[Note 99:
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