en vue de satisfaire le sentiment public en
Amerique, qui se reposait presque entierement sur lui de la conduite
de cette affaire. En presence des difficultes graves qui devaient
resulter de l'adoption d'une pareille determination, difficultes qui
pouvaient avoir les plus desastreuses consequences pour la cause a
laquelle il s'etait devoue, il promit de faire entendre aux Americains
qu'il avait prefere rester a la tete d'une de leurs divisions et qu'il
avait refuse le commandement du corps francais. Mais il insista sur ce
point que, pour ne pas blesser l'amour-propre des Americains, il etait
indispensable de choisir pour diriger l'expedition un general dont
la promotion fut recente, dont les talents fussent certainement a la
hauteur de sa mission, mais qui, considerant cette mission comme
une distinction, consentirait a accepter la suprematie du general
Washington. Le choix qui dans ces conditions fut fait du comte de
Rochambeau le satisfit pleinement, et, sans attendre le depart du
corps expeditionnaire, il s'embarqua a Rochefort, le 18 fevrier 1780,
sur la fregate _l'Hermione_, que le roi lui avait donnee comme etant
tres-bonne voiliere. Il n'etait accompagne que d'un commissaire des
guerres, M. de Corny, qui devait preparer l'installation de l'armee
a Rhode-Island[108]. Il lui tardait a lui-meme d'annoncer la bonne
nouvelle a Washington, et aussitot apres son debarquement a Boston, le
28 avril, il se hata de rejoindre a Morristown son bien-aime et revere
ami, comme il l'appelait dans ses lettres.
[Note 108: Voir la _Notice biographique_ sur M. de Corny, qui fut
accidentellement commissaire des guerres et revint en fevrier 1781.]
Les instructions donnees a M. de La Fayette par le ministre des
affaires etrangeres portaient que, pour prevenir toute meprise et
tout retard, il placerait tant a Rhode-Island qu'au cap Henry, a
l'embouchure de la Chesapeak, un officier francais charge d'attendre
l'escadre, qui devait atterrir en l'un de ces deux points, et de lui
donner toutes les informations dont elle aurait besoin en arrivant. Ce
fut M. de Galvan, officier francais au service des Etats-Unis, qui fut
seul envoye au cap Henry, suivant ces instructions, avec une lettre de
M. de La Fayette. Mais l'escadre ne devait pas aborder sur ce point,
et la precaution fut inutile.
Cependant les preparatifs de depart ne se faisaient pas avec toute
l'activite desirable. Tout ce qui dependait du departement de la
guerre fut, il est v
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