a ses dettes et lui dit:
"Partez, monsieur; allez essayer de remplir vos promesses; les
Francais ne veulent pas se prevaloir des obstacles qui vous empechent
de les accomplir." Cette generosite chevaleresque couta cher a la
France[102].
[Note 102: _Anecdotes historiques sur les principaux personnages
anglais._ 1 vol. in-12,1784.]
En effet, apres le rappel de l'amiral Byron, Rodney fut envoye pour le
remplacer aux Indes occidentales[103].
[Note 103: Il emmenait a son bord le troisieme fils du roi,
Guillaume-Henri, qui passa par tous les grades. L'amiral ravitailla
Gibraltar sur sa route, et prit, devant cette place, quatre des huit
vaisseaux espagnols qui la bloquaient. Un de ces vaisseaux se trouvant
trop faible d'equipage pour manoeuvrer par un gros temps et etant
sur le point de perir ou d'echouer, les Anglais voulurent forcer les
prisonniers espagnols qu'ils avaient enfermes a fond de cale, de les
aider a sauver le vaisseau. Les prisonniers repandirent tous qu'ils
etaient prets a perir avec leurs vainqueurs, mais qu'ils ne leur
donneraient aucune assistance pour les tirer du danger, a moins qu'ils
n'eussent la liberte de ramener le vaisseau dans un des ports de
l'Espagne. Les Anglais furent forces d'y consentir et les Espagnols
ramenerent leurs _vainqueurs_ prisonniers a Cadix. (Saint-Valier,
_Hist._, page 86.)]
Il livra au comte de Guichen, l'annee suivante, trois combats indecis,
mais meurtriers, et s'empara de Saint-Eustache sur les Hollandais.
Cette petite colonie, a peine defendue par cent hommes, fut
honteusement pillee par le vainqueur, qui tendit en outre une sorte
de piege aux vaisseaux hollandais en laissant flotter sur l'ile le
pavillon de leur nation. L'Angleterre ne profita pas pourtant du fruit
de ces rapines auxquelles ses amiraux n'etaient que trop habitues. Le
convoi envoye par Rodney, charge d'un butin d'une valeur de plus de
soixante millions, porte par plus de vingt batiments, fut pris tout
entier en vue des cotes d'Angleterre par l'amiral La Motte Piquet.
Cette deconvenue vint mettre un terme a la joie ridiculement exageree
que les habitants de Londres avaient manifestee a la nouvelle de la
facile conquete de Saint-Eustache[104].
[Note 104: L'amiral Rodney revint en 1781 a Londres. York-town
venait d'etre prise et il se montra neanmoins a la Cour comme un
triomphateur. Il tirait son plus grand eclat des depouilles des
malheureux habitants de Saint-Eustache; mais comme cette ile fut
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