'une aide efficace.
Depuis trois ans que les Americains soutenaient ainsi seuls la lutte
contre la toute puissante Angleterre, leurs forces s'etaient epuisees
sans que leurs avantages eussent jamais ete bien marques, sans qu'ils
pussent entrevoir meme le jour ou leurs ennemis renonceraient a exiger
d'eux une soumission absolue. Leurs ressources financieres etaient
aussi aneanties. Leur situation devenait chaque jour plus perilleuse.
Il ne fallait rien moins que la fermete et l'autorite de Washington
pour maintenir les milices sous les drapeaux et entretenir encore
quelque confiance dans le coeur des partisans les plus sinceres de
l'independance.
L'arrivee de La Fayette a la cour de France en fevrier 1779 attira de
nouveau sur la situation des Americains l'attention du gouvernement,
plus preoccupe jusque-la d'intrigues et de futilites que de politique
et de guerre. Parti en fugitif deux ans auparavant, le jeune general
fut accueilli en triomphateur. Sa renommee avait grandi en traversant
l'Ocean, et il sut faire servir l'engouement dont il fut l'objet a la
cause de ses freres d'adoption. Il joignit ses instances a celles de
l'envoye americain John Laurens pour obtenir du roi un secours en
hommes et en argent, et la nouvelle de l'echec subi par d'Estaing
devant Savannah fut le dernier argument qui decida le cabinet de
Versailles a executer dans toute sa rigueur le traite d'alliance
offensive et defensive conclu avec Franklin le 6 fevrier 1778.
Il fut decide que la France enverrait aux Americains une escadre de
sept vaisseaux de ligne pour agir sur les cotes, un corps de troupes
qui devait etre de 10,000 ou 12,000 hommes et une somme de six
millions de livres. M. de Rochambeau fut nomme commandant en chef du
corps expeditionnaire, et le chevalier de Ternay fut mis a la tete de
l'escadre.
La Fayette se preoccupa ensuite des moyens d'execution. Il fit
comprendre aux ministres que, s'il ne commandait pas en chef le corps
expeditionnaire, ce qui serait surprenant pour les Americains, il
fallait du moins mettre a sa tete un general francais qui consentirait
a ne servir que sous les ordres du general en chef americain. Or, il
savait tres-bien que ses anciens compagnons d'armes en France etaient
jaloux de sa prompte fortune militaire et de sa brillante renommee. Il
savait mieux encore que les officiers qui etaient ses anciens en grade
ne voudraient pas servir sous ses ordres. Sa premiere proposition
ne fut donc faite qu'
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