ix cents de troupes continentales et trois cent cinquante
de la milice de Charleston conduits par le comte d'Estaing et le
general Lincoln s'avancerent avec la plus grande intrepidite jusqu'aux
lignes ennemies. En meme temps la milice du pays etait occupee a deux
fausses attaques. Le feu des Anglais fut si violent et si bien dirige
que le front de la colonne d'attaque fut mis en desordre. Il y eut
pourtant deux etendards de plantes dans les redoutes anglaises. En
vain le comte Pulaski, a la tete de deux cents hommes a cheval,
voulut-il penetrer dans la ville en passant au galop entre les
redoutes. Il fut atteint d'une blessure mortelle[100]. Enfin
les assaillants, apres avoir soutenu le feu des ennemis pendant
cinquante-cinq minutes, firent une retraite generale.
Le comte d'Estaing recut deux blessures et ne dut son salut qu'au
devouement du jeune Truguet[101]. Six cent trente-sept hommes de ses
troupes et deux cent cinquante-sept des troupes continentales furent
tues ou blesses. Des trois cent cinquante de la milice de Charleston,
quoiqu'ils fussent des plus exposes au feu de l'ennemi, il n'y eut de
tue que le capitaine Shepherd et six blesses.
[Note 100: Notices biograph.]
[Note 101: Idem.]
Pendant le jour de la sommation, _il n'y avait pas dix canons de
montes_ sur les lignes de Savannah. Aussi la defense de cette
place fit-elle le plus grand honneur au general Prevost, au
lieutenant-colonel Maitland et au major Moncrief. Celui-ci mit une
telle activite dans ses preparatifs de defense, qu'en quelques jours
il avait mis plus de quatre-vingts canons en batterie.
La garnison comptait de deux a trois mille hommes de troupes
regulieres anglaises, avec cent cinquante miliciens seulement. Les
pertes qu'elle eprouva furent insignifiantes, car les soldats tiraient
a couvert et beaucoup des assaillants n'eurent pas meme l'occasion de
faire feu.
Immediatement apres le mauvais succes de cette entreprise, la milice
americaine retourna dans ses foyers. Le comte d'Estaing rembarqua ses
troupes avec son artillerie et ses bagages et quitta le continent.
Cependant les succes des Francais aux Antilles avaient eu un grand
retentissement en Europe. L'amiral Rodney se trouvait alors a Paris,
ou il etait retenu par des dettes qu'il ne pouvait payer. Un jour
qu'il dinait chez le marechal de Biron, il traita avec dedain les
succes des marins francais, en disant que s'il etait libre il en
aurait bientot raison. Le marechal pay
|