herchaient leurs anes. J'accourus pour les empecher
d'approcher de cette arche et des broussailles qui cachaient si bien
l'entree des souterrains, qu'il etait impossible de l'apercevoir.
--Voici Cadichon! s'ecria Louis.
--Mais ou sont les autres? dirent a la fois tous les enfants.
--Ils doivent etre ici pres, dit le papa de Louis; cherchons-les.
--Nous ferions bien de les chercher du cote du ravin, derriere l'arche
que je vois la-bas, dit le pere de Jacques; l'herbe y est belle, ils
auront voulu en gouter.
Je tremblai en songeant au danger qu'ils allaient courir, et je me
precipitai du cote de l'arche pour les empecher de passer. Ils voulurent
m'ecarter, mais je leur resistai avec tant d'insistance, leur barrant le
passage de quelque cote qu'ils voulussent aller, que le papa de Louis
arreta son beau-frere et lui dit:
--Ecoutez, mon cher: l'insistance de Cadichon a quelque chose
d'extraordinaire. Vous savez ce qu'on nous a raconte de l'intelligence
de cet animal. Ecoutons-le, croyez-moi, et retournons sur nos pas.
D'ailleurs, il n'est pas probable que tous les anes aient ete de l'autre
cote des ruines.
--Vous avez d'autant plus raison, mon cher, repondit le papa de Jacques,
que je vois l'herbe foulee pres de l'arche, comme si elle avait ete
recemment pietinee. Je croirais assez que nos anes ont ete voles.
Ils retournerent vers les mamans, qui avaient empeche les enfants de
s'ecarter; je les suivis, le coeur leger et content de leur avoir
peut-etre evite un terrible malheur. Ils causerent bas, et je les vis se
mettre tous en groupe: on m'appela.
--Comment allons-nous faire? dit la maman de Louis. Un seul ane ne peut
pas porter tous les enfants.
--Mettons les plus petits sur Cadichon; les grands suivront avec nous,
dit la maman de Jacques.
--Viens, mon Cadichon; voyons combien tu en pourras porter, dit la maman
d'Henriette.
On commenca par mettre Jeanne devant comme la plus petite, puis
Henriette, puis Jacques, puis Louis. Ils n'etaient lourds ni les uns ni
les autres; je fis voir, en prenant le trot, que je les portais bien
tous les quatre sans fatigue.
--Hola! oh! Cadichon, s'ecrierent les papas, tout doucement, pour que
nous puissions tenir nos gamins.
Je me mis au pas et je marchai, entoure de pres par les enfants plus
grands et les mamans; les papas suivaient pour rallier les trainards.
--Maman, pourquoi donc papa n'a-t-il pas cherche nos anes? dit Henri, le
plus jeune de la bande, et
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