voir.... Viens, mon Cadichon, viens manger ton picotin d'avoine.
Je me retournai aussitot, et je suivis Bouland qui s'en allait.
--C'est etonnant, dit la grand'mere, il a vraiment compris.
Elle rentra a la maison; Jacques et Jeanne voulurent m'accompagner a
l'ecurie. On me placa dans une stalle; j'avais pour compagnons deux
chevaux et un ane. Bouland, aide de Jacques, me fit une belle litiere;
il alla me chercher une mesure d'avoine.
--Encore, encore, Bouland, je vous en prie, dit Jacques; il lui en faut
beaucoup, il a tant couru!
_Bouland_:--Mais, monsieur Jacques, si vous lui donnez trop d'avoine,
vous le rendrez trop vif; vous ne pourrez pas le monter, ni Mlle Jeanne
non plus.
_Jacques_:--Oh! il est si bon! nous pourrons le monter tout de meme.
On me donna une enorme mesure d'avoine, et l'on mit pres de moi un seau
plein d'eau. J'avais soif, je commencai par boire la moitie du seau;
puis je croquai mon avoine, en me rejouissant d'avoir ete emmene par ce
bon petit Jacques. Je fis encore quelques reflexions sur l'ingratitude
de la mere Tranchet; je mangeai ma botte de foin, je m'etendis sur ma
paille; je me trouvai couche comme un roi et je m'endormis.
XI
CADICHON MALADE
Le lendemain, je n'eus d'autre occupation que de promener les enfants
pendant une heure. Jacques venait me donner lui-meme mon avoine, et,
malgre les observations de Bouland, il m'en donnait de quoi nourrir
trois anes de ma taille. Je mangeais tout; j'etais content. Mais ...
le troisieme jour, je me sentis mal a l'aise; j'avais la fievre; je
souffrais de la tete et de l'estomac; je ne pus manger ni avoine ni
foin, et je restai etendu sur ma paille.
Quand Jacques vint me voir:
--Tiens, dit-il, Cadichon est encore couche! Allons, mon Cadichon, il
est temps de te lever; je vais te donner ton avoine.
Je cherchai a me lever, mais ma tete retomba lourdement sur la paille.
--Ah! mon Dieu! Cadichon est malade, s'ecria le petit Jacques; Bouland,
Bouland, venez vite. Cadichon est malade.
--Tiens, qu'est-ce qu'il a donc? reprit Bouland. Il a pourtant eu son
dejeuner de grand matin.
Il s'approcha de la mangeoire, regarda dedans et dit:
--Il n'a pas touche a son avoine; c'est qu'il est malade.... Il a les
oreilles chaudes, ajouta-t-il en me prenant les oreilles; son flanc bat.
--Qu'est-ce que cela veut dire, Bouland? s'ecria le pauvre Jacques
alarme.
--Cela veut dire, monsieur Jacques, que Cadichon a la fievre, que vou
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