ublic
payant, il est si unanime et si chaud, que jamais les acteurs n'en ont
vu, disent-ils, de pareil. Ribes se soutient; le succes lui donne
une vie artificielle et le guerira peut-etre. Il a des moments ou on
l'interrompt trois fois par des applaudissements frenetiques comme le
premier jour. Les voyageurs qui arrivent a Paris et qui passent le soir
devant l'Odeon, font arreter leur sapin avec effroi et demandent si
c'est une revolution, si on a proclame la Republique.
La piece d'Alexandre a ete mieux recue ce soir[1]; mais elle souleve
de l'opposition et n'aura pas de succes. Elle est pourtant amusante et
pleine de talent; mais elle scandalise.
Les epreuves de ma photographie n'ont pas encore tres bien reussi chez
Nadar; j'y retourne demain. M. Harmant vient pour sur mercredi. Il m'a
envoye une loge pour ce jour-la; car il faut bien que je connaisse son
theatre. Je voudrais aussi voir _Villemer_, que je n'ai encore fait
qu'apercevoir a moitie. J'ai demande hier trois places, pas une qui ne
soit louee jusqu'a samedi.
[1] _L'Ami des femmes_.
DLI
M. GUSTAVE FLAUBERT
Paris, 10 mars 1864.
Cher Flaubert,
Je ne sais pas si vous m'avez prete ou donne le beau livre de M. Taine.
Dans le doute, je vous le renvoie; je n'ai eu le temps d'en lire ici
qu'une partie, et, a Nohant, je n'aurai que le temps de griffonner pour
Buloz; mais, a mon retour, dans deux mois, je vous redemanderai ces
excellents volumes d'une si haute et si noble portee.
Je regrette de ne vous avoir pas dit adieu; toutefois, comme je reviens
bientot, j'espere que vous ne m'aurez pas oubliee et que vous me ferez
lire aussi quelque chose de vous.
Vous avez ete si bon et si sympathique pour moi a la premiere
representation de _Villemer_, que je n'admire plus seulement votre
admirable talent, je vous aime de tout mon coeur.
GEORGE SAND.
DLII
A M. CHARLES DUVERNET, A NEVERS
Nohant, 24 mars 1864.
Mon cher ami,
Nous changeons de place pour quelque temps. Mes enfants ne veulent pas
habiter Nohant sans moi; ils ont raison et ils me font plaisir. Nous
allons tous nous caser aupres de Paris, afin de pouvoir nous occuper de
theatre et d'autres travaux plus realisables la ou nous serons. Nous
organisons Nohant sur un bon pied de conservation, afin de pouvoir,
tous les ans, y passer une saison tous ensemble. Voila. Ce n'est pas un
depart ni un abandon du pays,
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