me, nouvelles que l'on ignorait
completement.
J'apprenais ainsi, il y a quelques jours, que j'avais achete un terrain
et que j'allais y faire batir un hotel tres curieux et tres original.
Cette fortune venue en reve ne me fachait pas; mais la construction
de l'hotel ainsi annoncee m'embarrassait beaucoup. Je ne suis pas
architecte et je n'aime pas a batir. Aussi, en me frottant les yeux, me
suis-je trouvee fort aise de n'avoir pas le moindre capital a placer et
de ne pas etre forcee de tenir les promesses du journal a ses abonnes.
Il a ete annonce aussi dans plusieurs journaux que je faisais pour
l'Odeon une piece tiree de mon roman de _Valvedre_, chose a laquelle
je n'ai jamais songe. Enfin voici _le Temps_ qui va envoyer bien des
visiteurs se casser le nez a ma porte, en annoncant mon arrivee a Paris.
Il parait que le but de mon installation a Paris est d'assister aux
repetitions d'une piece que mon fils a presentee a l'Odeon. Comme toutes
ces nouvelles n'ont rien de malveillant, j'espere que les redacteurs
voudront bien comprendre qu'elles peuvent mettre, dans la vie des gens
quelconques, certains quiproquos embarrassants et leur faire ecrire a
leurs amis et connaissances mystifies beaucoup de lettres inutiles. Je
leur en demande donc la rectification benevole. Je n'ai pas gagne a la
loterie, je ne fais rien batir, je fais une piece dont le titre n'est
pas fixe et dont le sujet n'est pas tire de _Valvedre_. Mon fils n'a pas
fait de piece pour l'Odeon, et, quand il sera en repetition, il s'en
occupera lui-meme. Enfin, je ne suis pas a Paris, et il n'y a absolument
rien, dans ma vie, qui offre le moindre interet de nouveaute et de
curiosite au public parisien.
GEORGE SAND
DLXXXIII
A M. ARMAND BARBES, A LA HAYE
Palaiseau, 15 janvier 1865.
Cher ami,
Combien je suis touchee de tout ce que vous m'ecrivez! Vos souffrances,
votre courage invincible, votre affection pour moi, voila bien des
sujets de douleur et de joie. Vous vous etes cramponne a l'exil, et il a
bien fallu vous admirer, malgre les prieres et les regrets.
Mais, si vous avez eu un moment de sante suffisante, comme Nadar me le
disait, pourquoi n'en avoir pas profite pour chercher, ne fut-ce que
momentanement, un climat meilleur pour vous? Vous parlez si peu de
vous-meme, vous faites si bon marche de votre mal, qu'on ne sait pas ce
qui peut l'alleger.
Pour ma part, j'ai une foi, c'est qu'il n'y a pas
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