terromprai mes
plantations et j'irai vous embrasser.
J'aurais mieux aime les finir et rester plus longtemps avec vous.
Si tu as la tete cassee de chercher, je t'offre la pareille; car
j'essaye de tirer une piece, soit de _Germandre_ pour le Vaudeville,
soit de _Mont-Reveche_ pour l'Odeon, et je vas de l'une a l'autre,
ecrivant, effacant, sans savoir encore par laquelle je commencerai;
et peut-etre, en somme, ne ferai-je ni l'une ni l'autre. Ce sont des
douleurs d'enfantement, et il faut-bien passer par la. Si on n'en sort
pas vite, il faut se secouer, aller faire une bonne promenade, et, s'il
pleut, lire un ouvrage de science qui vous arrache tout a fait a la
fatigue du cerveau; car il ne faut pas commencer fatigue.
Voila mon hygiene, et je sors de ces crises habituellement avec succes
ou du moins avec plaisir. Quelquefois aussi, apres plusieurs essais pour
s'en distraire et s'y remettre, on reconnait que le sujet ne vaut rien
ou qu'on n'est pas propre a s'en servir. On y renonce. On a perdu du
temps, c'est vrai; mais il n'est pas perdu, en ce sens qu'on a _reguise_
l'instrument cerebral qui sert a composer, et il fonctionne mieux
ensuite pour un autre sujet. Rappelle-toi qu'avant de faire _Raoul_,
tu voulais faire _le Deluge_. J'ai bien commence cent romans que
j'ai abandonnes; et ca ne doit pas decourager, a moins qu'on ne soit
_feignant_; mais il faut compter sur l'inspiration, qui ne se commande
pas et qui n'est point une intervention miraculeuse de _la muse_, mais
bien un _etat_ de notre etre, un moment de bonne harmonie complete entre
le physique et le moral. Ce moment n'arrive guere quand on le cherche
avec trop d'effort, parce que le corps en souffre et refuse au cerveau
ses forces vitales. C'est pourquoi je te dis de faire comme moi.
Ca ne va pas? Allons-nous promener, oublions, dormons; ca viendra demain
au moment ou je n'y penserai plus. J'ai quelquefois trouve ce que je
cherchais la veille, en cherchant autre chose le lendemain.
DLXXV
A M. EDOUARD, RODRIGUES, A PARIS
Palaiseau, vendredi soir,
29 octobre 1864.
Cher ami,
Je ne sors pas de mon petit jardin, ou je fais planter et deplanter,
et je n'ecris guere, c'est vrai! figurez-vous tous les preparatifs
indispensables pour une installation d'hiver, et plus la maison est
petite! plus il est difficile d'y etre bien sans de grands soins. Nous
arriverons a y avoir chaud; il
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