cer, le lire une seconde fois et
y bien reflechir. Il le regretterait fort, car il en fait le plus grand
eloge et dit que c'est prodigieusement amusant et bien fait. Il ajoute
qu'en volume cela peut avoir un succes comme _Madame Bovary_, parce que
le lecteur de volumes n'est pas le lecteur de revues."
Si Buloz decide qu'il ne peut publier sans abimer le livre, je le
chargerai de faire un bon traite pour Maurice avec Michel Levy: une
edition in-octavo qui remplacerait le produit de la _Revue_ (l'ouvrage
inedit a toujours plus de valeur), et de petit format ensuite. Que
Maurice me laisse faire, et ne se tourmente pas: son roman a chance de
succes et j'en tirerai le meilleur parti possible. Au reste, Buloz
est bien dispose, il est charmant pour Maurice et declare lui trouver
beaucoup de talent. Peut-etre a-t-il raison quant a la pruderie de ses
abonnes; peut-etre aussi, en y reflechissant, reconnaitra-t-il ce que
je lui ai deja dit: "Un roman de moeurs modernes est choquant lorsqu'il
blesse les idees modernes; mais l'eloignement historique permet de
choquer, car il n'impose pas une morale nouvelle, et le lecteur fait bon
marche de personnages si differents de lui-meme."
Sur ce, bonsoir, ma cherie; _bige_ bien Mauricot et Cocoton; ecris-moi
de longues lettres, tu seras bien Gentille.
[1] Raoul de la Chastre.
DLXI
A M. LUDRE-GABILLAUD, A LA CHATRE
Palaiseau, 12 juillet 1864.
Cher et bon ami,
Je serais la plus tranquille et la plus contente du monde, si mon pauvre
petit Marc n'etait malade a Guillery. Il a la dysenterie tres fort et je
suis cruellement inquiete depuis quelques jours. Autrement tout allait
bien: les enfants en humeur de voyager, et moi a meme enfin de me
reposer un peu.
Le pays ou nous sommes est delicieux; la petite habitation charmante, et
pas d'importuns. Je m'y occupe de bon coeur et avec toutes mes aises.
J'ai une excellente domestique et je suis _riche_, puisque les depenses,
qui allaient a Nohant par billets de mille francs, sont ici dans la
proportion de cent francs. J'aurai donc de quoi voyager quand le coeur
m'en dira. Mais, aujourd'hui, mon coeur, serre par l'inquietude, ne me
dit rien, sinon que j'aspire a la guerison du petit.
Vous etes la bonte et l'obligeance memes, mon cher ami. Je vous remercie
de votre sollicitude pour Nohant et je ferai ce que vous conseillerez.
Certes je crois qu'un garde est utile. Mais ou en trouver un qui
gar
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