ution, puisqu'il ne change pas d'avis. Au reste, ne t'en tourmente
pas pour le moment. Je ne laisserai pas dormir cela; je suis sure que
Buloz est tres gentil pour nous, et son intention, quant au roman, est
bonne et sincere.
Je te disais, dans mes autres lettres, que nous ne trouvions rien autour
de nous qui put realiser ton desir d'un grand jardin avec maison, pour
trente mille francs. Il faudra voir toi-meme. Marchal explore Brunoy.
Mais tout s'arrangera, quand vous serez ici, surtout si vous voyagez un
peu pour gagner la fin de la saison. Je me porte bien; il est a peu pres
decide qu'on va jouer _le Drac_ au Vaudeville: la nouvelle version, avec
Jane Essler pour _le Drac_, Febvre pour _Bernard_, lequel Febvre est
en grand progres et grand succes. Je vous _bige_ mille fois tout deux.
Distrayez-vous, ne pensez a rien.
"Quand vous ecrirez a Maurice, me dit Dumas fils, faites-lui mes
amities; il n'a pas besoin que je lui ecrive pour savoir la part que je
prends a son chagrin."
DLXX
A M. JULES BOUCOIRAN, A NIMES
Palaiseau, 6 aout 1864.
Cher ami,
Mes enfants m'ont ecrit que vous aviez ete pour eux un vrai papa, que
vous les aviez soutenus, plaints, consoles, distraits, et qu'enfin ils
vous aimaient tendrement et n'oublieraient jamais l'affection que vous
leur avez temoignee. Je savais bien qu'il en serait ainsi et je suis
contente qu'ils aient passe pres de vous ces premiers cruels jours.
J'ai vu Calamatta, qui m'a dit la meme chose, et que lui et les enfants
avaient ete tres saisis et impressionnes par les taureaux et les Arenes.
Je ne vous remercie pas, cher ami, d'avoir mis tout votre coeur a
soulager celui de mes pauvres enfants, mais vous savez si j'apprecie
votre immense bonte et votre immense attachement.
Je vous embrasse de coeur.
G. SAND.
DLXXI
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Palaiseau, 26 aout 1864.
Cher ami,
Pendant que vous etiez dans la fatigue et dans l'angoisse, nous etions
dans le desespoir. Nous avons perdu notre cher petit Marc, si joli,
si gai, si vivant, et qui venait d'atteindre son premier
anniversaire!--Maurice et sa femme avaient ete voir mon mari, pres de
Nerac. L'enfant y a ete pris de la dysenterie, et il y est mort apres
douze jours de souffrances atroces. Je le croyais sauve; j'avais tous
les jours un telegramme et je ne m'inquietais plus, quand la nouvelle
_du plus mal_ est arrivee. Je s
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