de reellement? Quant a l'assurance, faites-la, c'etait convenu, et
faites-la comme vous l'entendrez, avec la Compagnie que vous jugerez la
meilleure. Rappelez-vous aussi, que le _gateur_ d'arbres contre lequel
un garde me serait utile est mon fermier lui-meme, qui laisse ses
metayers tenir des chevres, les mener dehors et permet d'ebrancher
autrement qu'il n'est convenu. Tenez la main a ce qu'il en soit puni en
ne recevant pas les arbres que je lui cede ordinairement pour son usage.
Bonsoir et merci encore, mon bon Ludre. Vous ne venez donc pas a Paris?
La premiere fois que vous y aurez quelque affaire, il faut venir diner
avec nous. On peut arriver ici a six heures et repartir a neuf et a dix.
Embrassez bien pour moi votre chere femme, et aimez-moi, comme je vous
aime.
GEORGE SAND.
DLXII
A MADAME LINA SAND, A GUILLERY
Palaiseau, 14 juillet 1864.
Ma pauvre cherie,
J'ai ete bien inquiete hier de ne rien recevoir. Aujourd'hui, cher et
cruel anniversaire! je recois ta lettre du 12, qui me tranquillise un
peu; car, dans la journee d'hier et toute cette nuit, j'etais decouragee
et desesperee. J'attends maintenant le telegramme promis... Ah! si vous
pouviez me repondre: _Beaucoup mieux!_ je benirais encore ce 14 juillet,
que je detestais ce matin. Ce qui est dechirant, c'est de penser a ce
que souffre ce pauvre ange et a ce que vous souffrez, Maurice et toi, en
le voyant souffrir. Prenez espoir et courage, mes pauvres chers enfants!
Moi, j'en manque, je suis vieille et usee. Mais l'avenir est a vous.
Surtout, ne sois pas malade a ton tour, ma petite cherie. Impossible
d'elever des enfants sans inquietude, sans maladie, sans souffrance et
sans danger. Le contraire serait un miracle. Mais quels jours amers a
passer!
Maurice, ne te decourage pas. Songe a soutenir les forces de ta Lina.
Dieu, quel bonheur si vous me dites ce soir qu'il est mieux. J'ai
mille livres de plomb sur le coeur. Ne me laissez pas sans nouvelles,
ecrivez-moi, ne fut-ce qu'un mot. Le silence m'epouvante. Voici l'heure
de la poste. Je vous embrasse et je vous aime.
Onze heures du soir.
Ma lettre a depasse l'heure de la poste. Je la rouvre, pour vous dire
que j'ai recu le telegramme a six heures. A chaque coup de cloche, je
suis folle. Enfin il y a du mieux! Beni soit le jour qui nous rend
l'espoir. Si le mieux continue demain, nous pourrons respirer. Comme
vous en avez besoin, mes pauvres enfants
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