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mes amis. Je me porte bien a present. Je me suis envolee toute seule
quelques jours a Gargilesse, ou j'ai travaille la nuit, mais ou j'ai
couru le jour. C'est un paradis en cette saison. Mes enfants sont encore
un peu aux arrets forces a cause de M. Marc[1]; mais le voila qui a des
dents et qui mange de la viande. Il ne tardera pas a etre sevre; apres
quoi, ses parents doivent le conduire dans le Midi et a Paris, ou ils
ont envie de faire aussi une petite installation. Moi, je crois qu'ils
seraient mieux a Nohant. Nous verrons. Le petit est charmant, gai comme
un pinson et pas du tout grognon.
Au revoir et a bientot, mes bons amis; aimez-vous toujours. Je vous
embrasse tous bien tendrement. Lina reparera ses torts en vous ecrivant
une longue lettre.
G. SAND.
[1] Petit-fils de George Sand.
DLVII
A M. OSCAR CASAMAJOU, A CHATELLERAULT
Nohant, mai 1864.
Ne crois donc pas ces betises, mon cher enfant. Ce sont les aimables
commentaires de la Chatre sur un fait bien simple. Je me rapproche de
Paris pour un temps plus long que de coutume, afin de pouvoir faire
quelques pieces de theatre qui, si elles reussissent, meme _moitie
moins_ que _Villemer_, me permettront de me reposer dans peu d'annees.
Maurice aussi est tente d'en essayer, et, comme il a bien reussi dans le
roman, il peut reussir la aussi. Mais, pour cela, il ne faut pas habiter
Nohant toute l'annee, et, si on s'absente, il ne faut pas y laisser un
train de maison qui coute autant que si l'on y etait. En consequence,
nous nous sommes entendus pour reduire nos depenses ici et pour avoir un
pied-a-terre plus complet a Paris. Nous n'aimons la ville ni les uns
ni les autres; nous ferons notre pied-a-terre d'une petite campagne a
portee d'un chemin de fer. Je compte aller a Paris le mois prochain,
Maurice doit aller voir son pere avec Lina et Coco, a cette epoque. Il
me rejoindra a Paris, et Nohant, mis sur un pied plus modeste, mais bien
conserve par les soins de Sylvain et de Marie, qui y resteront avec un
jardinier, nous reverra tous ensemble quand nous ne serons pas occupes a
Paris. A tout cela nous trouverons tous de l'economie, et j'aurai, moi,
un travail moins continu. Nous vivons toujours en bonne intelligence,
Dieu merci; mais, si les gens de La Chatre n'avaient pas _incrimine_
selon leur coutume, c'est qu'ils auraient ete malades.
Je te remercie, cher enfant, du souci que tu en as pris. Mais sois sur
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