le mois prochain, et je ferai de mon mieux pour arriver en
temps utile, c'est-a-dire en janvier, ce qui est bien dans mon interet.
Jusque-la, quand meme vous joueriez encore _Villemer_, rien ne vous
empecherait de me repeter a la Gaiete. Si vous n'etes pas effraye de
voir devant vous tant de prose de George Sand, ayez l'obligeance de
communiquer ma lettre a M. Harmant en lui offrant tous mes compliments,
et de lui demander s'il accepte cet arrangement si simple. Comme, avant
tout, il faut que vous l'acceptiez, c'est a vous que je m'adresse pour
que nous nous entendions sur toute la ligne et sans perdre de temps. Je
ne veux faire une piece nouvelle qu'autant que vous la jouerez, et
il faut que je sois fixee pour y travailler bientot exclusivement.
J'attends donc votre reponse pour cela, et pour dire a M. de la Rounat
de traiter de _votre rachat_ avec M. Harmant pour l'automne prochain.
A vous de coeur, mon cher enfant, et toutes les amities des miens.
[1] Directeur des theatres du Vaudeville et de la Gaiete.
[2] Tiree du roman de _l'Homme de neige_, par Maurice Sand;
non-representee.
DLVI
A MADEMOISELLE NANCY FLEURY, A PARIS
Nohant, 8 mai 1864.
Chere amie,
Je ne savais pas que cette petite _feignante_ de Lina ne vous avait
pas repondu. Elle ne s'en est pas vantee. Elle est si absorbee par son
poupon, et elle s'en occupe si gentiment et si bien, qu'il faut lui
pardonner tout.
Ne soyez pas inquiets de nous: nous nous portons tous bien, et nos
petites incertitudes ont cesse. Les chers enfants ne veulent pas
_gouverner_ Nohant; ils ont un peu tort dans leur interet, ils y
mettraient sans doute plus d'economie que moi. Mais ils y portent je ne
sais quels scrupules qui sont bons et tendres. Je mets donc Nohant sur
le pied _d'absence_, avec la facilite d'y revenir a tout moment et d'y
retrouver Sylvain, regisseur de la reserve; Marie, gouvernante de la
maison, et le jardin en bonnes mains. Cela fait, je vole a Palaiseau;
car, si _Villemer_ me donne de quoi payer mon arriere, ce n'est pas une
raison pour que j'en recommence un nouveau l'annee prochaine, et que je
ne puisse jamais me reposer.
Mais, en ce moment, j'achete mon prochain repos par un surcroit de
travail. Il faut que je fasse a Buloz, au grand galop, un long roman;
et, comme ledit Buloz a ete tres bien pour moi, je dois le contenter,
morte ou vive. Voila pourquoi je ne trouve pas une heure pour ecrire
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