de votre
ame, et veuillez me compter, monsieur, parmi ceux qui vous portent le
plus sincere et le plus fervent interet.
GEORGE SAND.
DLXXXIX
A SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLEON.(JEROME).
A PARIS
Palaiseau, 1er juin 1865.
Cher grand ami,
Maurice m'envoie pour vous un mot du coeur que je vous transmets.
Si vous etiez un ambitieux, je vous dirais que ce qui arrive est bien
heureux pour vous et vous place bien haut! Mais vous aimez le progres
pour lui-meme et vous souffrez quand il s'arrete, meme a votre profit.
Et puis vous etes loyal et votre ame souffre d'etre meconnue. Je sens
tout cela et je suis indignee de voir l'esprit du passe souffler sur
toutes les idees vraies.
Quelle triste situation que celle d'un homme qui reve le pouvoir absolu,
et qui croit l'atteindre en etouffant la verite! tout cela, voyez-vous,
c'est la _faute a_ Cesar. On reve de resumer, en soi une sagesse
providentielle, et on oublie que les hommes d'aujourd'hui ont tous
recu de la _Providence_, c'est-a-dire de la loi qui preside a leur
emancipation, une dose de sagesse qu'il faut connaitre et consulter
avant d'oser dire: "Il n'y a qu'un maitre et c'est moi!" Comme c'est
vieux, cette doctrine de l'autorite d'un seul, et comme c'est vide
au temps ou nous vivons! comme le genre humain tout entier proteste,
sciemment ou non, contre cette chimere! C'est le fatal chemin de
l'eternel desastre.
Dormez tranquille, votre conscience est en paix. Vous pouvez rire de
ceux qui disent: "Il veut le bien, donc il a de mauvais desseins."
Plaignez ceux qui pensent ainsi et comptez que la France n'est pas avec
eux et vous rend justice. Quel beau et noble talent vous avez! On ne
pourra jamais vous empecher d'etre ce que vous etes. Il n'est pas
adroit, si l'on s'en inquiete, de le manifester publiquement.
G. SAND.
DXC
A M.
Palaiseau, 9 juin
Cher monsieur,
J'ai lu votre livre. Il est savant, ingenieux, clair et interessant au
possible. Il me laisse toutefois au point ou il m'a prise. Je savais
bien que Jesus croyait a la resurrection des corps, et je suis d'autant
plus persuadee que sa doctrine etait la continuation de la vie humaine
ou la reapparition personnelle dans la vie humaine, que vous etablissez
sans replique la source de cette croyance, son histoire, sa raison
d'etre, son lien avec le passe, enfin tout ce qui constitue le fait
historique, peu connu ju
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