, et qu'il est
dirige par notre ami Aucante, ne souffre ni longs developpements, ni
erudition trop serieuse, ni allusions politiques. Il y en avait deja
un peu trop dans mon premier article. Mais, quant au jugement sur
l'ouvrage, je n'ai pas eu a surmonter l'embarras que vous me supposez.
Si j'eusse trouve l'ouvrage mauvais, comme le journal n'eut pas insere
une critique trop rude, je n'eusse pas fait l'article. C'etait bien
simple. Je suis la premiere personne qui ait ete a meme de le lire, et
mon compte rendu est le premier qui ait ete fait. J'etais donc tres
libre de mon jugement et j'ai trouve que le livre avait du merite. Je
savais pertinemment qu'il etait tout entier, et sans correction aucune,
du fait de celui qui le signe. Donc, je devais mon eloge impartial au
talent, qui est reel. Quant a approuver la preface et a admirer Cesar,
le diable ne m'aurait pas fait departir de ma facon de penser, et je
dois dire qu'on a bien pris la chose.
Cette publication sera un bien, en ce sens que, de tous cotes, on se met
a faire ce que nous faisons: on demolit Cesar, avec un peu plus ou
un peu moins d'indulgence ou de passion; la critique le decouronne
generalement et il ne sortira pas blanc de la sellette ou le livre
imperial le fait asseoir. Bien peu de gens, en somme, savent l'histoire,
et il est bon qu'on leur mette le nez dessus. Le livre n'aura pas de
succes. C'est un talent froid et concis, sans profondeur reelle et qui
n'a d'interet litteraire que pour les gens du metier. Encore tous ne
sont pas comme moi, qui suis un peu pantheiste en fait d'art et qui aime
toutes les manieres, celles qui sont un peu exuberantes et celles qui
ne le sont pas du lout. J'aime ce qui est bien fait, n'importe par quel
procede, et, pour mon compte, je n'en ai pas, ou, si j'en ai, c'est sans
m'en rendre compte. Les lettres sont generalement plus forts que moi sur
ce point, et, quant au gros public, peu lui importe qu'on serve l'erreur
ou la verite, pourvu qu'on l'amuse ou l'etonne. Or il ne trouvera dans
le livre imperial rien d'assez epice pour lui et il ne l'achetera pas,
c'a ete ma premiere impression. Heureusement que les editeurs n'ont
pas de droits d'auteur a payer; car ils auraient fait la une mauvaise
affaire.
Mais en voila bien assez sur cela.
Quel rude et long hiver! J'attends la chaleur avec impatience. Du reste,
je me plais ici: pays charmant, braves gens, solitude, silence, ouvriers
_avances_ et pourtant sages, paysans la
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