ora_[1] et qu'il faisait
repeter M. Brindeau. Le resultat final, c'est que M. Brindeau a tres
bien joue; mais ce n'etait pas une preoccupation egoiste qui me faisait
reclamer la connaissance des faits anterieurs a son engagement. Je
tenais bien plutot a ne pas avoir ete, a mon insu, prise pour complice
d'une _infidelite_ envers vous, a qui nous avons du un si beau succes.
Apres beaucoup de details trop longs a retrouver, La Rounat m'a donne sa
parole d'honneur qu'au moment ou il avait engage Brindeau, M. Harmant
lui avait absolument refuse de vous rendre votre liberte, en lui
demontrant par _a_ plus _b_ que cela etait impossible.
J'ai cette affirmation depuis si peu de temps, que je n'ai pu vous
l'ecrire. Elle etait, d'ailleurs, assez inutile. Ce a quoi je tenais,
c'est a vous dire qu'on avait tout fait sans me consulter et sans me
mettre a meme de vous dire mes regrets et mes remerciements. Mais vous
n'avez pas doute de moi, j'espere, dans tout cela, et je compte bien que
nous livrerons encore ensemble quelque serieuse bataille. Merci de tout
coeur pour la derniere, et, quand vous aurez une matinee a perdre, venez
(en me prevenant toutefois un jour d'avance) me voir a Palaiseau. Vous
me ferez un vrai plaisir.
A vous,
G. SAND.
[1] Berton venait de jouer _les Pirates de la Savane_.
DLXXIII
M. LUDRE-GABILLAUD, A LA CHATRE
Palaiseau, octobre 1864.
Cher ami,
Je vous reponds tout de suite pour le conseil que Maurice vous demande.
Du moment qu'ils ont franchi courageusement cette grande tristesse de
revenir seuls a Nohant, ce qu'ils feront de mieux, ces chers enfants,
c'est d'y vivre, tout en se reservant un pied-a-terre a Paris, ou ils
pourront aller de temps en temps se distraire. S'ils organisent bien
leur petit systeme d'economie domestique, ils pourront aussi faire de
petites excursions en Savoie, en Auvergne et meme en Italie. Tout cela
peut et doit faire une vie agreable; car j'irai les voir a Nohant, et il
faut esperer qu'il y aura bientot une chere compagnie: celle d'un nouvel
enfant. Il n'en est pas question; mais, quand leurs esprits seront bien
rassis, j'espere qu'on nous fera cette bonne surprise. Alors il y aura
necessairement deux ans a rester sedentaire pour la jeune femme; ou
sera-t-elle mieux qu'a Nohant pour elever son petit monde?
Je vois bien maintenant, d'apres leur incertitude, leurs besoins de
bien-etre, leurs projets toujours inconciliable
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