ature des lois qui regissent
les destinees humaines, saurait se mettre en retraite pendant certains
jours, et se dirait "J'ai dans mon ame une verite superieure a celle que
les hommes acceptent aujourd'hui, je la dirai quand ils seront capables
de l'entendre."
C'est pour la politique seulement que je dis cela; car, en restant sur
le terrain philosophique, socialiste, si vous voulez, on peut et on doit
toujours tout dire, et aucun gouvernement n'a le droit de l'empecher.
Les idees ont toujours le droit de lutter contre les idees. Seulement,
il y a des temps ou les hommes ne doivent pas combattre contre certains
hommes; sans motifs puissants et pressants.
Vous me direz encore que je fais, entre la politique et le socialisme,
une distinction arbitraire, et que j'ai combattue moi-meme mainte et
mainte fois. Lorsque je l'ai combattue, c'etait contre les politiques
precisement qui faisaient, au point de vue du _National_, ce que le
_Proscrit_ est bien pres de faire en excluant _les hommes a systeme_.
Les hommes du _Proscrit_ s'intitulent _socialistes_ aujourd'hui; mais,
croyez-moi, ils ne le sont guere plus que ceux d'hier. Ils admettent le
_programme de la Montagne_, c'est quelque chose; mais, pour quiconque
tendrait a le depasser un peu, ils seraient tout aussi intolerants, tout
aussi railleurs; tout aussi colere etait le _National_ en 1847. Ils ne
sont pas assez forts pour vaincre par le raisonnement: ils vaincraient
par la violence, ils y seraient entraines, forces, pour se maintenir, et
ils se retrancheraient sur les necessites de la politique. Par le fait,
la politique et le socialisme sont donc encore choses tres distinctes
pour eux, quoi qu'ils en disent, et il faut bien que les socialistes
s'en tiennent pour avertis. Il y a donc, aujourd'hui encore, necessite
a distinguer ce qu'il faut faire et ne pas faire dans une pareille
situation.
Si Ledru-Rollin et les siens etaient, au pouvoir, et que je fusse
ecrivain politique, je croirais faire mon devoir, comme socialiste, en
discutant l'esprit et les actes de son gouvernement; mais je croirais
faire une mauvaise action, comme politique, en attaquant les intentions
de l'homme et en publiant sur son compte, ou en disant tout haut a tout
le monde ce que je vous ecris ici. Je ne voudrais pas conspirer contre
lui par la seule raison que je ne me fie point a lui. Je retrancherais
enfin l'amertume et la personnalite qui sont, malheureusement, la base
de toute polemique jus
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