ion personnelle a son egard, et, tout au
contraire, mon gout me ferait preferer sa societe a celle de la plupart
des hommes politiques que je connais. Il est aimable, expansif,
confiant, brave de sa personne, sensible, chaleureux, desinteresse en
fait d'argent. Mais je crois ne pas me tromper, je crois etre bien sure
de mon fait quand je vous declare, apres cela, que ce n'est point un
homme d'action; que l'amour-propre politique est excessif en lui; qu'il
est vain; qu'il aime le pouvoir et la popularite autant que Lamartine;
qu'il est _femme_ dans la mauvaise acception du mot, c'est-a-dire plein
de personnalite, de depits amoureux et de coquetteries politiques; qu'il
est faible, qu'il n'est pas brave au moral comme au physique; qu'il a un
entourage miserable et qu'il subit des influences mauvaises; qu'il aime
la flatterie; qu'il est d'une legerete impardonnable; enfin, qu'en depit
de ses precieuses qualites, cet homme, entraine par ses incurables
defauts, trahira la veritable cause populaire. Oui, souvenez-vous de
ce que je vous dis, il la trahira, a moins que des circonstances ne
se presentent qui lui fassent trouver un profit d'amour-propre et de
pouvoir a la servir. Il la trahira, sans le vouloir, sans le savoir
peut-etre, sans comprendre ce qu'il fait. Ses aversions sont vives,
sinon tenaces. Il verra dans les grands evenements de petites
considerations qui l'empecheront de faire le bien et qui satisferont sa
passion, son caprice du moment. Il transigera pour les choses les plus
graves, par des motifs dont personne ne pourra soupconner la frivolite.
C'est l'homme capable de tout, et pourtant c'est un tres honnete homme,
mais c'est un pauvre caractere. Il ira a droite, a gauche; il glissera
dans vos mains. Il brisera devant vous avec un ennemi; le lendemain
matin, vous apprendrez qu'il a passe la nuit a se reconcilier. Rien de
plus impressionnable, rien de plus versatile, rien de plus capricieux
que lui, vous verrez!
Vous me direz que vous savez tout cela; vous devez le savoir, puisque
vous le voyez, et qu'il y a en lui une certaine naivete, aimable mais
effrayante, qui ne permet pas de douter de sa nature, apres un mois ou
deux d'examen. Il n'en faut meme pas tant a des gens plus clairvoyants
et moins optimistes que je ne le suis parfois. Vous me direz donc que
cela vous est egal; que, puisqu'il est l'homme le plus populaire du
parti republicain en France, vous l'acceptez comme l'instrument que Dieu
place sous vo
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