mplaire, tous sont frappes de sa grace et de sa douceur, et lui
temoignent leur sympathie.
Vraiment, nous ne quittons jamais cet aimable village sans un regret
attendri. Y aura-t-il plus tard un revers de medaille, comme a toutes
les choses de ce bas monde?
Nous verrons bien!
LE BERRY
I
MOEURS ET COUTUMES
On m'a fait l'honneur ou plutot l'amitie de me dire quelquefois (car
l'amitie seule peut trouver de pareilles comparaisons) que j'avais ete
le Walter Scott du Berry. Plut a Dieu que je fusse le Walter Scott de
n'importe quelle localite! Je consentirais a etre celui de
Quimper-Corentin, pourvu que je pusse meriter la moitie du
parallele.--Mais ce n'est pas la faute du Berry, s'il n'a pas trouve son
Walter Scott. Toute province, exploree avec soin ou revelee a
l'observation par une longue habitude, offre certainement d'amples
sujets au chroniqueur, au peintre, au romancier, a l'archeologue. Il
n'est point de paysage si humble, de bourgade si ignoree, de population
si tranquille, que l'artiste n'y decouvre ce qui echappe au regard du
passant indifferent ou desoeuvre.
Le Berry n'est pas doue d'une nature eclatante. Ni le paysage ni
l'habitant ne sautent aux yeux par le cote pittoresque, par le caractere
tranche. C'est la patrie du calme et du sang-froid. Hommes et plantes,
tout y est tranquille, patient, lent a murir. N'y allez chercher ni
grands effets ni grandes passions. Vous n'y trouverez de drames ni dans
les choses ni dans les etres. Il n'y a la ni grands rochers, ni
bruyantes cascades, ni sombres forets, ni cavernes mysterieuses ... des
brigands encore moins! Mais des travailleurs paisibles, des pastoures
reveuses, de grandes prairies desertes ou rien n'interrompt, ni le jour
ni la nuit, le chant monotone des insectes; des villes dont les moeurs
sont stationnaires, des routes ou, apres le coucher du soleil, vous ne
rencontrez pas une ame, des paturages ou les animaux passent au grand
air la moitie de l'annee, une langue correcte qui n'a d'inusite que son
anciennete, enfin tout un ensemble serieux, triste ou riant, selon la
nature du terrain, mais jamais dispose pour les grandes emotions ou les
vives impressions exterieures. Peu de gout, et plutot, en beaucoup
d'endroits, une grande repugnance pour le progres. La prudence est
partout le caractere distinctif du paysan. En Berry, la prudence va
jusqu'a la mefiance.
Le Berry offre, dans ces deux departements, des contrastes assez
tranch
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